En Belgique, c’est bien connu, on a tous ou presque une brique dans le ventre. L’expertise de nos maçons est reconnue dans le travail de la pierre et de brique.

Le renchérissement du prix de l’énergie a pourtant changé la donne. On a vu apparaître les maisons à ossature bois, les techniques de construction et d’isolation alternatives.

 

À Fernelmont, la jeune entreprise IsoHemp a mis au point un produit qui tient compte de ces préoccupations énergétiques tout en préservant la tradition, qui plus est au départ de matériaux naturels.

Olivier Beghin et Jean-Baptiste de Mahieu, tous deux administrateurs délégués, se sont pris de passion pour le chanvre. «La genèse du projet remonte à trois ans et demi quand nous nous sommes intéressés aux travaux d’un chercheur de l’UCL, Arnaud Evrard.»

De discussions et études, l’intérêt s’est transformé en projet d’entreprise. Olivier Beghin est ingénieur de gestion, son comparse ingénieur civil. «Nos profils sont parfaitement complémentaires et nous avions la même envie: créer notre entreprise.»

Et l’intérêt s’est finalement transformé en opportunité quand une nouvelle filière du chanvre s’est redéveloppée en Belgique.

le déclic viendra du témoignage d’un Alsacien qui éprouvait pas mal de difficultés pour isoler sa maison à colombages. Il avait finalement eu l’idée de concocter un isolant à base de chènevotte. Il s’agit de la partie ligneuse du chanvre une fois dépouillé de son écorce, une partie moins noble souvent utilisée pour le paillage horticole ou la confection de litières pour animaux. En mélangeant ce sous-produit à de la chaux, il obtiendra une sorte de béton de chanvre, avec lequel il isolera sa maison.

 

S’inspirant de cette idée, Iso-Hemp a développé un produit original: le bloc de béton de chanvre. Il est obtenu par un mélange de granulat de chanvre, de chaux et d’eau, sans additifs supplémentaires. Il s’agit d’un produit moulé, durci et séché à l’air libre, sans apport de chaleur complémentaire.

La jeune entreprise a consacré beaucoup d’énergie à mettre au point la technique de fabrication. Il fallait que le bloc ne sèche ni trop lentement, ni trop vite pour conserver ses caractéristiques optimales.

«Un des principaux avantages du bloc de béton de chanvre, c’est sa facilité de montage, explique olivier Beghin. On en pose 5 au m2, simplement avec du ciment-colle. On gagne en temps de pose, ce qui réduit le coût.»

L’autre atout du bloc est évidemment son coefficient d’isolation thermique. «Le bloc de béton au chanvre a la chance de bénéficier d’une grande inertie thermique, plaide son inventeur. Ce matériau est aussi un excellent régulateur de chaleur et d’humidité pour autant qu’il soit assorti avec des enduits adéquats: chaux, plâtre naturel. Avec ce matériau, on doit pouvoir se passer du double flux.» Une maison est actuellement en cours de construction dans le Brabant wallon. Equipée de capteurs, elle servira à valider les hypothèses d’IsoHemp. Quant à la commercialisation à grande échelle, elle est prévue pour 2014, quand l’outil de production sera complètement opérationnel.

 

  • Source: lavenir
  • Bruno MALTER
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