En étant deux fois moins cher que le filet de sole, le panga possède un atout majeur auprès des consommateurs. Toutefois, l’élevage et la vente du panga nous plongent en pleine mondialisation : transportés du bassin d’élevage jusqu’à l’usine de traitement puis amenés du bout du monde jusqu’en Europe, la production de ces poissons asiatiques participe au réchauffement climatique.
Le panga, un poisson anti-crise
Poisson à chair blanche, peu goûteux, sans arêtes et très bon marché, le panga prospère dans la “Rivière de Boue” qu’est le Mékong.
Tandis qu’il était encore peu connu sur nos étales de poissonneries il y a encore quelques années, le panga c’est aujourd’hui toute une industrie. Une industrie qui fait vivre des milliers de familles au Vietnam..
En 2007, le Vietnam a exporté directement vers la France plus de 3000 tonnes de filets de pangas pour une valeur de près de 10 millions de dollars.
En 2008, malgré les impacts de la crise financière mondiale, le montant total des produits aquatiques exportés s’élevait à 4,27 milliards de dollars (dont plus de 1,5 milliard pour les filets de pangas)
- Plus de 70 pays importent maintenant du panga vietnamien.
L’élevage : catastrophe environnementale et sanitaire
Elevés en batterie dans des conditions douteuses, ces poissons omnivores sont peu exigeants et tolèrent facilement les déchets tels que les sous-produits végétaux de l’industrie agro-alimentaire mais aussi des déchets de poissons qui viennent du Pérou, des Etas-Unis, de Chine etc..
- Le soja génétiquement modifié et les farines de poisson constituent leur principale source d’alimentation.
Par ailleurs, ce que vous ne saviez peut-être pas c’est que la reproduction en liberté étant difficile, le panga est bourré d’hormones recueillies dans l’urine déshydratée des femmes enceintes….Pourquoi ? parce que cela déclenche la ponte des alvins !
De plus, il s’avère que l’animal accepte très bien les traitements médicamenteux et hormonaux que les éleveurs ne manquent pas de lui infliger pour assurer une bonne production et une croissance rapide…
Puis, les poissons sont conditionnés sur place, au Vietnam. Des usines les débitent en filets et les congèlent avant de les envoyer en Occident.
La commercialisation de ce poisson vendu à prix discount est donc très gourmande en pétrole donc en émission de CO2.
- Evidemment, pour éviter le dessèchement des filets lors de la congélation, on n’hésite pas à ajouter un peu de chimie en plus pour garantir la bonne conservation comme du polyphosphate, additif autorisé à hauteur de 5g/kg !
- Notons d’autre part que le Mékong est le 4° fleuve d’Asie qui prend sa source sur le plateau tibétain. Un fleuve bien pollué utilisé comme réceptacle des eaux usés et de divers systèmes de drainages…
Depuis la psychose entraînée par la crise de la vache folle et plus récemment la grippe porcine et la grippe aviaire, que peut-on réellement manger aujourd’hui sans risque ?
Quand les préoccupations de sécurité sanitaire se maintiendront-elles à la une de l’actualité ?
Un poisson hautement toxique