Des victimes d’abus sexuels cléricaux ont réagi furieusement à l’affirmation du pape Benoît XVI, hier, prétendant que la pédophilie n’était pas considérée comme un « mal absolu », encore dans les années 1970.
Dans son traditionnel discours de Noël, adressé en décembre 2010 aux cardinaux et fonctionnaires travaillant à Rome, le pape Benoït XVI a également affirmé que la pornographie infantile est de plus en plus considérée comme « normale » par la société.
Dans les années 1970, la pédophilie était théorisée comme quelque chose de totalement en conformité avec l’homme et même avec les enfants, a dit le pape.
« Il a été maintenu — même avec le règne de la théologie Catholique — qu’il n’existe pas de mal à proprement parler, ou de bien à proprement parler. Il y a uniquement un « mieux que » ou un « pire que ». Rien n’est bon ou mauvais en soi. »
Le pape a dit que les témoignages d’abus ont atteint en 2010 « une dimension inimaginable » qui a apporté l’ « humiliation » sur l’Église.
Demandant comment l’abus a explosé au sein de l’Église, le pontife appelle les hauts dignitaires religieux à « réparer autant que possibles les injustices survenues » et à aider les victimes à guérir à travers une meilleure présentation du message chrétien.
« Nous ne pouvons pas demeurer silencieux à propos du contexte de ces temps, en lesquels ces événements sont venus au grand jour », a-t-il dit, mentionnant l’accroissement de la pédophilie infantile « qui semble, d’une certaine manière, être considérées de plus en plus normale par la société » dit-il.
Mais Andrew Madden, victime outrée de Dublin, a insisté hier soir sur le fait que l’abus sexuel sur enfant n’est pas considéré comme normal dans la compagnie qu’il tenait.
Monsieur Madden a accusé le pape de ne pas savoir que la pornographie infantile est le fait de regarder des images d’enfants alors qu’ils sont sexuellement abusés, et devrait être appelée ainsi.
Il a dit : « Ce n’est pas normal. Je ne sais pas quelle société le pape a tenue au cours des cinquante dernières années. »
Le pape Benoît a également dit que le tourisme sexuel dans le Tiers Monde est en train de « menacer une génération entière ».
Des victimes américaines, outragées, ont déclaré hier soir qu’alors que certains officiels de l’église ont blâmé le libéralisme des années 1960 pour les scandales d’abus sexuels de l’église et couvrir des catastrophes, le pape Benoît arrive avec une nouvelle théorie blâmant les années 1970.
« Les catholiques devraient être embarrassés d’entendre leur pape parler encore et encore d’abus, alors qu’il ne fait rien, ou si peu, pour l’arrêter et pour dénoncer cette crise odieuse » a déclaré Barbara Blaine, responsable de SNAP, le « Survivors Network of those Abused by Priests » (Réseau des Survivants de ceux Abusés par des Prêtres).
« Il est fondamentalement dérangeant de regarder un brillant homme émettre aussi convenablement un mauvais diagnostic sur un horrible scandale » a-t-elle ajouté.
« Le pape insiste pour parler d’un vague « contexte plus étendu » qu’il ne peut controler, tandis qu’il ignore le « contexte plus étendu » très clair, qu’il peut influencer — la longue tradition d’une culture malsaine d’une hiérarchie d’église rigide, secrète, toute-mâle, fixée sur l’autopréservation à tout prix. C’est là le « contexte » qui importe. »
La dernière controverse arrive lorsque le magazine allemand Der Spiegel poursuit ses investigations sur le rôle du pape dans la permission accordée à un prêtre pédophile notoire à travailler avec des enfants au début des années 1980.
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Je mets ici en ligne une autre version de ce discours trans mise par Hélios fidèle lectrice, chacun jugera de la pertinence ou non des deux textes.
Je rappelle que les articles mis sur le site ne reflètent pas toujours ma pensée; ils sont là pour aider chacun à faire sa réflexion en toute conscience et permettre un débat constructif
Merci de votre amitié
David Jarry
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Nous sommes conscients de la gravité particulière de ce péché commis par des prêtres et de notre responsabilité correspondante.
Mais nous ne pouvons pas taire non plus le contexte de notre temps dans lequel il est donné de voir ces événements. Il existe un marché de la pornographie concernant les enfants, qui en quelque façon, semble être considéré toujours plus par la société comme une chose normale.
La dévastation psychologique d’enfants, dans laquelle des personnes humaines sont réduites à un article de marché, est un épouvantable signe des temps. Chez des Évêques de pays du Tiers-Monde, je sens toujours de nouveau combien le tourisme sexuel menace une génération entière et l’endommage dans sa liberté et dans sa dignité humaine.
L’Apocalypse de saint Jean énumère parmi les grands péchés de Babylone – symbole des grandes villes irréligieuses du monde – le fait d’exercer le commerce des corps et des âmes et d’en faire une marchandise (cf. Ap 18, 13). Dans ce contexte, se pose aussi le problème de la drogue, qui avec une force croissante étend ses tentacules autour de tout le globe terrestre – expression éloquente de la dictature de mammon qui pervertit l’homme. Tout plaisir devient insuffisant et l’excès dans la tromperie de l’ivresse devient une violence qui déchire des régions entières, et cela au nom d’un malentendu fatal de la liberté, où justement la liberté de l’homme est minée et à la fin complètement anéantie.
Pour nous opposer à ces forces nous devons jeter un regard sur leurs fondements idéologiques. Dans les années soixante-dix, la pédophilie fut théorisée comme une chose complètement conforme à l’homme et aussi à l’enfant. Cependant, cela faisait partie d’une perversion de fond du concept d’ethos. On affirmait – jusque dans le cadre de la théologie catholique – que n’existerait ni le mal en soi, ni le bien en soi. Existerait seulement un « mieux que » et un « pire que ». Rien ne serait en soi-même bien ou mal.
Tout dépendrait des circonstances et de la fin entendue. Selon les buts et les circonstances, tout pourrait être bien ou aussi mal. La morale est substituée par un calcul des conséquences et avec cela cesse d’exister. Les effets de ces théories sont aujourd’hui évidentes. Contre elles le Pape Jean-Paul II, dans son Encyclique Veritatis splendor de 1993, a indiqué avec une force prophétique, dans la grande tradition rationnelle de l’ethos chrétien, les bases essentielles et permanentes de l’agir moral.
Ce texte doit aujourd’hui être mis de nouveau au centre comme parcours dans la formation de la conscience. C’est notre responsabilité de rendre de nouveau audibles et compréhensibles parmi les hommes ces critères comme chemins de la véritable humanité, dans le contexte de la préoccupation pour l’homme, où nous sommes plongés.