D'après le premier ministre malaisien, l'avion du vol MH 370 disparu depuis une semaine aurait été dévié de sa route par un acte délibéré, et ses systèmes de communication auraient été volontairement mis hors de fonctionnement.
D’après les informations des satellites, « nous pouvons dire avec un haut degré de certitude que le système de communication de l’avion a été désactivé juste avant qu’il n’atteigne la côte est de la péninsule de Malaisie, a indiqué Najib Razak. Peu après, près de la frontière entre les zones aériennes malaisienne et vietnamienne, le transpondeur a été mis hors circuit. »
Les radars militaires ont ensuite repéré un avion non identifié au large de la côte ouest de la Malaisie, donc à l’opposé de la direction initiale du vol MH 370. Najib Razak a indiqué que des données satellites prouvaient que cet avion non identifié était bien le Boeing d’Air Malaysia. Ces données sont issues de signaux émis par un système automatique installé à bord de l’avion qui communique avec les satellites. Selon CNN, la société de communication satellite Inmarsat a confirmé que des signaux automatiques avaient été enregistrés sur son réseau. La transmission de ces signaux n’a été possible que si l’avion était encore intact. Il n’y a donc pas eu de crash, de sabotage ou d’explosion accidentelle jusqu’à la dernière communication satellite, près de sept heures après que l’avion eut échappé aux contrôleurs civils.
Le suivi des radars militaires montre que l’avion a suivi une route utilisée par les vols commerciaux pour se rendre au Moyen-Orient et en Europe. L’avion a échappé aux radars militaires à 2 h 15 (heure malaisienne), alors qu’il se trouvait alors au large de la côte ouest de Malaisie et se dirigeait vers les îles Andaman. « Jusqu’au point où il a quitté la couverture des radars militaires, ses mouvements sont cohérents avec une action délibérée d’un occupant du Boeing », dit Razak. Bien que le premier ministre ne le précise pas, son commentaire semble indiquer que les radars militaires concernés sont ceux de Malaisie. On ignore si les radars militaires des pays voisins (Thaïlande, Indonésie et Inde) ont à leur tour détecté l’avion. Précisons que l’Inde, dont dépendent les îles Andaman, possède une forte défense aérienne et une couverture radar efficace, et aurait sans doute détecté l’avion s’il était entré dans son espace aérien.
On ne sait donc pas où est allé l’avion après avoir échappé aux radars malaisiens. Selon Razak, l’analyse de la dernière communication satellite montre que l’avion se trouvait sur l’un ou l’autre de deux couloirs de navigations orientés dans des directions opposées : le premier vers le nord, le Kazakhstan et le Turkménistan ; le second vers le sud, l’Indonésie et l’océan Indien. Ces couloirs représentent une trace satellite, qui apparaît comme un arc sur une carte. L’avion ne suivait pas forcément un couloir, mais en a croisé un au moment où le signal a été envoyé.
En clair, le vol détourné a pu suivre des routes complètement opposées. Une source proche des autorités américaines a expliqué à Reuters que les données tirées des signaux transmis par l’avion aux satellites étaient incomplètes, et pouvaient être interprétées de deux façons. L’hypothèse la plus probable est qu’après s’être dirigé vers le nord-ouest, le Boeing a tourné vers le sud et l’océan Indien. Dans ce cas, il est à craindre que l’avion ait volé jusqu’à se trouver à court de carburant, et se soit crashé dans l’océan. L’autre hypothèse est que le vol MH 370 ait poursuivi sa route vers l’Inde, mais cela semble peu plausible car les radars indiens auraient alors dû détecter le Boeing.
L’avion aurait-il pu atterrir sur une île et rester ensuite silencieux ? Ce scénario est évoqué par CNN, qui le juge peu crédible : le territoire des îles Andaman et Nicobar est une zone très militarisée du fait de son importance stratégique pour l’Inde. Selon Denis Giles, rédacteur en chef du journal Andaman Chronicle, les chances qu’un avion de ligne puisse atterrir dans l’archipel sans attirer l’attention sont nulles.
C’est pourquoi les autorités américaines pensent plutôt que l’avion s’est crashé et se trouve quelque part au fond de l’océan Indien. S’il a volé sept heures et parcouru des milliers de kilomètres dans une direction inconnue, la zone où il a pu s’abîmer est immense. Cela explique que l’on n’ait pas retrouvé de débris jusqu’ici. Reste à comprendre les raisons qui auraient conduit un individu à détourner l’avion de sa route pour le conduire dans une direction où il n’y avait aucun point d’atterrissage possible.
Selon CNN, les radars militaires malaisiens ont montré que peu après sa disparition des radars civils, l’avion était monté à 45 000 pieds, puis redescendu à 23 000 pieds avant de remonter . A quoi correspondent ces mouvements ? Un autre point inexpliqué est la raison exacte pour laquelle le système de communication avec les satellites s’est arrêté, alors que l’avion était encore en vol : est-il tombé en panne ? a-t-il été débranché volontairement, ce qui n’aurait pu être fait que par une personne connaissant parfaitement l’avion ? Si l’hypothèse d’une action délibérée est désormais privilégiée par les enquêteurs, les motivations et la nature précise de cette action, qui ne ressemble ni à un détournement classique ni à un attentat suicide, restent obscures.