Qu’est-ce que les recherches disent du futur du continent ?

L’Asie a réussi sa croissance notamment en s’appuyant sur sa dynamique démographique. En quinze ans, elle a créé une classe moyenne de 600 millions de personnes, pour la plupart sorties de la pauvreté. Or, on voit très nettement que, depuis cinq ans, la base de sa pyramide des âges se rétrécit beaucoup, en même temps que le taux de scolarité des filles augmente. Au Japon, 26 % de la population a déjà plus de 65 ans. A partir de 2035, la courbe d’augmentation de la population d’Asie va s’infléchir et le continent perdra son avantage démographique.

Qu’est-ce que vous n’avez pas pu réaliser ?

On ne peut pas tout cartographier. Il est très difficile de spatialiser les réfugiés, les déplacements de population. On peut mettre des flèches pour représenter des flux généraux, mais pour rendre compte des déplacements des Rohingyas de Birmanie, quel degré de précision et d’acuité aurons-nous ?

Un autre problème est que les flux numériques ne se traduisent pas en géographie, même si on possède les données. On a voulu représenter la couverture mondiale de Facebook. Or, si on peut cartographier les câbles sous-marins par lesquels les données transitent, le réseau de centaines de satellites qui transportent cette information n’est pas transposable. On peut à la rigueur connaître l’émetteur et le récepteur d’un courrier électronique, mais on ne sait pas par où il passe. Une représentation cartographique de Facebook ne fait que se superposer aux grands pôles de croissance dans le monde. C’est parce que ces flux sont «virtuels» qu’ils se sont tant développés.

Laurence Defranoux