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Cancers : des milliers d'opérations inutiles

Publié par Le Nouveau Paradigme sur 9 Octobre 2016, 17:21pm

Catégories : #Santé

 

LE FAIT DU JOUR. En France, des milliers de patients atteints d'un cancer de la thyroïde ont été opérés et soumis à des traitements sévères sans que la gravité de leur cas le justifie.

 

Un cancer, c'est la terreur intime de chacun. Un mal qui, en dépit des progrès de la médecine, rime encore avec issue fatale. Quand il est très méchant ou détecté trop tard. Mais jusqu'où faut-il aller dans le repérage de tumeurs, qui pour certaines s'avèrent, au fil du temps et des études scientifiques, moins agressives ? Comment jauger le risque, décider d'opérer ou d'attendre et de surveiller. Car, si tous les petits cancers ne deviennent pas gros, « les gros ont tous, par définition, commencé petits », rappelle le cancérologue Alain Toledano. Ne pas en faire assez ou risquer d'en faire trop ?

 

Aborder différemment la maladie

 

La question revient pour les cancers de la prostate, voire du sein, et désormais pour la thyroïde avec cette étude inquiétante du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC-IARC) publiée cet été dans le « New England Journal of Medicine » : les progrès de l'imagerie aidant, 560 000 personnes de 12 pays développés auraient fait l'objet ces vingt dernières années de surdiagnostic de cancer de la thyroïde. Dont 46 000 en France ! Des surdiagnostics synonymes de surtraitements pour 70 à 90 % des patients touchés par un carcinome papillaire de petite taille : opération, traitement à l'iode radioactif puis hormone de synthèse à vie pour compenser l'absence de cette glande qui régule notre organisme. D'où une qualité de vie amoindrie, comme le souligne une étude de l'association française de patients Vivre sans thyroïde. Car la France n'échappe pas au phénomène.

 

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Sur les 10 000 cancers de la thyroïde diagnostiqués chaque année, seuls 4 000 méritent d'être traités tout de suite, selon le professeur Martin Schlumberger, endocrinologue à Gustave-Roussy (Villejuif), qui tire la sonnette d'alarme. En mai dernier, des chercheurs internationaux ont proposé de sortir les carcinomes papillaires de la classification des cancers pour que patients et médecins abordent différemment la maladie. Et se convainquent que parfois une surveillance active de la maladie suffit.

 

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La leçon japonnaise

 

Une étude japonaise de 2010 a conforté les endocrinologues dans le fait que l'on traite un peu trop et trop vite certains microcancers de la thyroïde. Tandis que la Corée du Sud lançait en 2000 un programme de dépistage systématique, comme pour le sein, ou la prostate, et voyait flamber le nombre de cancers de la thyroïde les années suivantes (avec 90 % de cas qui relevait du surdiagnostic entre 2003 et 2007), le Japon, lui, a pris le risque inverse. Celui de se donner du temps. Et comparer entre 1993 et 2004 l'évolution du cancer chez des patients à qui l'on avait diagnostiqué un microcarcinome papillaire de la thyroïde inférieur à 1 cm qui ne semblait pas évolutif. 1 055 ont immédiatement subi une opération chirurgicale. Pour 340 on se « contentait » d'une surveillance active, par échographies régulières notamment, pour n'opérer que si le cancer cessait d'être « indolent ». Au terme des dix ans d'observation, le nodule (grosseur potentiellement cancéreuse) n'avait significativement augmenté de volume que chez 14 % des patients « surveillés ».

 

En clair, « avec un protocole classique on aurait surtraité 86 % de ces patients », affirme le professeur Martin Schlumberger, spécialiste européen des cancers de la thyroïde et professeur à l'hôpital Gustave-Roussy à Villejuif (Val-de-Marne).

 

 

 

 

 

 

 

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  Le Parisien

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G
Vive le jeûne...!
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