Selon Le Point, la transparence ne ferait pas partie des priorités de la Sécurité routière et de l'Etat. Le quotidien révèle que les successeurs de Bernard Cazeneuve, initiateur du projet des tronçons à 80 km/h, auraient volontairement caché les résultats des premiers tests achevés en juillet 2017. Il est vrai qu’aucun bilan officiel n’a été publié ou alors seuls quelques chiffres lancés par le Premier ministre, Edouard Philippe, soit 20 accidents, 3 morts et 42 blessés recensés entre 2015 et 2017. 
 
"1 accident mortel tous les 28,7 km"
Pour faire suite à ce manquement de transparence, Le Point fait part de la vive réaction de l’Association 40 millions d’automobilistes qui s’est donc attelée à « un travail de fourmi en analysant les fichiers du bulletin d’analyse des accidents corporels de la circulation (BAAC) du ministère de l’intérieur », écrit-il. L’organisme s’est appuyé sur ces trois fameux tronçons tests et sur les résultats expérimentaux de 2012 à 2016, soit 18 mois et 42 autres qui ont précédé. Voici le bilan alarmant révélé au média : l’expérimentation des 80km/h aurait fait 32 victimes sur la seule année 2016 et 2 personnes tuées, soit autant qu’en 2013, et plus qu’en 2012, soit 26. 

« De plus, en comparaison avec des données de mortalité routière relevées à l'échelle nationale, les statistiques issues des routes secondaires en test révèlent l'inefficacité de la mesure : alors que 1 911 accidents mortels ont été recensés sur les 386 224 kilomètres que compte le réseau secondaire français (soit 1 accident mortel en moyenne tous les 202 km) en 2016, les sections de routes nationales soumises à l'expérimentation font état de 1 accident mortel tous les 28,7 km », poursuit Pierre Chasseray, délégué général des 40 millions d’automobiles dans l’article du Point.

Selon le dirigeant, ces résultats sont incontestables puisque les chiffres sont mis en lumière par des fiches officielles avec des détails de lieux, de caractéristiques, de véhicules et d’usagers. En revanche, les causes des accidents n’ont pas pu être déterminées. 

Pour les Français qui grognent et qui se rassemblent depuis plusieurs jours par le biais de manifestations ou pétitions, leur colère peut-elle ainsi être compréhensible dans la mesure où ils dénoncent les comportements dangereux et les ralentissements liés à l’impossibilité de dépasser les poids lourds et donc une répression contre les usagers de la route. Ils appellent d’ailleurs l’Etat à se concentrer davantage sur les vraies causes d’accident comme l’alcoolémie ou l’utilisation du téléphone au volant. 
 
La Sécurité routière réagit
En fin de journée, le gouvernement a souhaité réagir suite à la publication de l’association. Pour lui, il n’y avait aucun rapport « secret » sur cette expérimentation. Deux sources étaient donc accessibles : un rapport sur l’étude des vitesses sur les 86 km de routes concernés qui conclut à des diminutions moyennes comprises entre 2 et 9 km/h.  Et un autre est également en ligne (en train de se finaliser) lié à une analyse sur l’accidentalité réalisée à partir des données de l’ONISR (Observatoire national interministériel de la sécurité routière). Elle confirme les chiffres de 18 accidents, 3 tués et 18 blessés hospitalisés plus de 24h de 2015 à 2017. Ces résultats ont diminué sur une période de 2 ans enregistrée entre 2010 et 2014, période qui a précédé les tests. Mais le nombre de blessés légers a augmenté de juillet 2015 à juin 2017 pour atteindre 25. 

Dans une autre publication, l’ONISR critique l’étude des « 40 millions d’automobilistes » et dénonce « ses failles méthodologiques et ses erreurs d’interprétation ». A lire ici Analyse critique du bilan publié par "40 millions d'automobilistes"