Pour l'ex-juge antiterroriste, au Palais de justice de Paris, la France ne doit plus s'habituer à la menace d'attentats mais à la réalité des attentats sur son territoire.
JPGuilloteau/L'Express
L'ancien juge antiterroriste estime dans les colonnes de Paris Match que la France est une cible désormais prioritaire de l'Etat islamique par rapport aux Etats-Unis. "Nous sommes incapables d'enrayer leur montée en puissance constante".
"Le pire est devant nous". La phrase ne sort pas de la bouche d'un bistrotier alarmé mais est prononcée par celui qui a quitté au printemps le pôle antiterroriste du Tribunal de grande instance de Paris. "La France est devenue l'ennemie numéro 1 de Daech", assure-t-il. Dans une interview donnée à l'hebdomadaire Paris Match, Marc Trévidic explique que les Français ne vont plus devoir s'habituer à la rengaine "sur les menaces d'attentats, mais à la réalité des attentats".
Alors que la campagne française de raids aériens vient de débuter sur les terres de l'Etat islamique en Syrie, après avoir touché ses bases irakiennes, le magistrat estime que le pays est désormais plus susceptible que les Etats-Unis d'être frappée par une attaque.
"Il y a la proximité géographique, il y a des relais partout en Europe, il y a la facilité opérationnelle de renvoyer de Syrie en France des volontaires aguerris, des Européens membres de l'organisation, qui peuvent revenir légalement dans l'espace Schengen et s'y fondre avant de passer à l'action".
Marc Trévidic anticipe même des attentats relevant de l'ordre du "Prix Goncourt du terrorisme", à savoir le 11-Septembre. Et la réponse de l'Etat français est inéluctablement insuffisante, selon lui qui a été pourtant au coeur de l'antiterrorisme français dès 2006. Un manque de moyens d'abord: "On frise l'indigence à l'heure où la menace n'a jamais été aussi forte (...) Sentinelle, Vigipirate, fondamentalement ça ne résout rien". Pour lui, si des hommes ont décidé de passer à l'action, ils trouveront toujours une cible. "Nous sommes incapables d'enrayer leur montée en puissance constante", affirme-t-il.
Exemple avec une de ses dernières prises en 2014: l'équipe de Marc Trévidic a neutralisé "un réseau de djihadistes très dangereux qui voulait créer un commando de dix "Merah" autonomes, opérant simultanément sur l'ensemble du territoire".