Marcel Kuntz : Rappelons que l’ADN est transcrit en ARN messagers qui permettent aux cellules vivantes de construire les protéines. Une classe particulière d’ARN, appelons-les microARN, a une fonction différente : un microARN donné se fixe sur un ARN messager donné et contribue à l’éliminer.
Il influence ainsi "l’expression des gènes" dans les cellules, ce qui "régule" leur métabolisme par exemple. L’équipe chinoise de Zhang et collaborateurs a affirmé qu’un microARN de riz peut se retrouver, via l’alimentation, dans le sang de mammifères qui ont consommé du riz, et dans ce cas précis, accroître le taux de mauvais cholestérol chez des souris.
Il est significatif du "précautionnisme" et du pessimisme contemporain d’y voir un "risque" et non des promesses ! L’Homme mange du riz depuis des millénaires et tous les jours des grammes d’ARN, un constituant normal de notre alimentation. De plus, si les résultats de Zhang et coll. étaient confirmés, ils ouvriraient des perspectives thérapeutiques majeures dans la lutte contre certaines maladies, par des médicaments à base de microARN.
Personne pas pu reproduire un tel transfert de microARN de l’alimentation vers des mammifères. Des Américains, Dickinson et collègues (2013), ont tenté sans succès de reproduire les expériences sur le riz. Encore plus embarrassant pour Zhang et collègues, un groupe d’équipes uruguayennes vient de publier un article indiquant que, dans une publication antérieure, un travail de "séquençage" à grande échelle d’ARN, l’équipe chinoise avait détecté le même microARN chez un poisson qui ne consomme pas de riz ! Il s’agirait donc d’une contamination par du riz des échantillons analysés en laboratoire !
Il est possible que ce transfert de microARN puisse être une réalité chez certains insectes. Mais restons là aussi circonspects quant à cette possibilité. Des microARN bien choisis pourraient être produits par les plantes, donc des OGM, ou alternativement être épandus directement sur les insectes nuisibles. Il s’agit dans ce cas de "bloquer" un gène vital de l’insecte.
C’est un défi à relever par les biotechnologies, pour une agriculture de précision. Il est déjà possible, plutôt que d’épandre des herbicides dans tout le champ, de détecter par des caméras la mauvaise herbe et de n’asperger qu’elle d’une manière automatisée. De même, l’apport d’engrais peut être modulé en fonction des besoins de la parcelle. La combinaison de l’informatique et des biotechnologies est extrêmement prometteuse.
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