Huit enfants d’Igoville et de Pont-de-l’Arche seraient actuellement suivis au CHU de Rouen pour des cancers, selon le signalement fait par une maman inquiète. L’Agence régionale de santé confirme avoir lancé une enquête épidémiologique.
Lanceuse d’alerte ? Charlène Bachelet pourrait bien postuler à ce titre qui, bien que devenu très tendance, n’a probablement rien de galvaudé dans cette affaire. Car si le problème qu’elle soulève aujourd’hui devait trouver une explication autre que le hasard, nul doute que la région abrite une polémique sanitaire en devenir.
Pourquoi les communes voisines d’Igoville et Pont-de-l’Arche – elles se font face de chaque côté de la Seine –, dans l’Eure, comptent-elles autant d’enfants victimes du cancer ? C’est la question que pose cette habitante d’Igoville, maman d’une petite fille atteinte d’un neuroblastome (tumeur la plus fréquente chez l’enfant). Il y a une vingtaine de jours, Charlène Bachelet est tombée des nues lorsque, après avoir échangé avec plusieurs parents et les équipes médicales du CHU de Rouen, elle a réalisé qu’« au moins sept enfants d’Igoville et Pont-de-l’Arche » y sont actuellement suivis, au service d’hémato-immuno-oncologie pédiatrique (l’unité compte dix-huit lits, hors hôpital de jour). « Quand on sait qu’à elles deux, les communes regroupent environ 6 000 habitants... Cela fait un rapport d’un enfant malade pour 1 000 habitants », explique la mère de famille âgée de 30 ans, là où les statistiques classiques font plutôt état « d’un enfant malade pour 100 000 habitants », selon les informations glanées par ses soins auprès des médecins.
Officiellement, au nom du secret médical, le CHU se refuse à corroborer les statistiques avancées par Charlène Bachelet, qu’elle-même a obtenu en recoupant les témoignages des autres parents croisés dans les couloirs. Notamment celui de Coralie, 42 ans, elle aussi habitante d’Igoville.
Cette dernière confirme sans ambages la présence des sept cas évoqués, parmi lesquels celui de son fils : Marcus, âgé de 10 ans et atteint d’un lymphome anaplasique à grandes cellules, « un cancer très rare ». « Le personnel soignant a halluciné lorsque nous leur avons appris cette situation », témoigne Coralie, qui s’est renseignée depuis dans sa commune. « Le fils de ma voisine d’en face a eu exactement le même cancer que le mien. Et dans la rue d’à côté, un jeune homme est décédé d’une leucémie il y a quelques années. »