On croyait avoir tout vu avec la catastrophe de Fukushima (Japon). Elle pourrait malheureusement se reproduire dans plusieurs régions du globe… et à Fukushima.
Et si l’accident dont a été victime la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, accident qui a eu des conséquences internationales majeures, n’était pas le fait d’un exceptionnel concours de circonstances ? Et si d’autres unités atomiques pouvaient à leur tour être vaincues par Dame nature ?
La sûreté nucléaire fait beaucoup parler d’elle depuis un an et demi et les associations de protection de l’environnement, unanimes sur la marche à suivre en matière de politique énergétique et qui ne cessent de plaider pour de nouvelles mesures en direction de l’énergie durable, veillent au grain. De leur point de vue, les avis rendus par les autorités compétentes – on pense notamment ici à l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), dont les dernières conclusions au sujet de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), rendues en milieu d’année dernière, ont fait couler beaucoup d’encre – ne sont pas recevables, parce qu’émanant d’experts qui ne sont pas indépendants.
Joaquin Rodriguez-Vidal, de l’Université de Huelta (Espagne), a quant à lui le mérite de ne pas être juge et parti. Il a aussi eu la bonne idée de réaliser une cartographie mondiale des installations atomiques. Publiée dans la revue Natural Hazards, celle-ci fait cependant froid dans le dos. Elle révèle en effet que vingt-trois structures nucléaires – soit un total de soixante-quatorze turbines – pourraient un jour être confrontées à un tsunami.
Crédits photos : flickr / Jean-Louis Zimmermann - Pierre-Alain Dorange
Treize des centrales exposées sont aujourd’hui en état de fonctionnement
Un chiffre élevé, de nature à conforter tous les « anti-atome », si besoin était, et qui s’explique par le fait que nombre de centrales ont été construites au bord de la mer, dans des régions où le risque de catastrophe naturelle majeure est supérieur à la moyenne mondiale. Précisons par ailleurs qu’outre les côtes japonaises, tout le littoral occidental de l’Amérique du Sud, les littoraux chinois (NDLR : Avec vingt-sept turbines, l’Empire du Milieu détient le record du nombre de réacteurs nucléaires en cours d’édification), indien et indonésien, la Corée du Sud, le Pakistan, l’Est de la Méditerranée ainsi qu’une partie des côtes occidentales américaines sont exposés. « Treize de ces centrales nucléaires (vingt-neuf réacteurs) fonctionnent et fournissent de l’énergie à la population. Quatre autres sites sont actuellement en cours d’extension afin d’acquérir neuf nouvelles turbines, en plus des vingt structures déjà existantes. Enfin, sept installations (seize réacteurs) sont en train de sortir de terre », rapportent également nos confrères du site Internet Futura-sciences.com.
Après avoir évalué les côtes à risque via des données archéologiques, géologiques, historiques et divers enregistrements, M. Rodriguez-Vidal et son équipe ont superposé à leur carte celle des « sites nucléaires actifs, en expansion et en cours de construction », relate le résumé de leurs travaux. Rappelant les difficultés actuelles à prévoir les tsunamis – le Japon en sait quelque chose -, les chercheurs militent également pour une transposition des évaluations scientifiques vers des politiques de sûreté plus efficaces. Des politiques qui permettraient d’atténuer la menace d’un « Fukushima bis », laquelle concerne aussi l’unité japonaise.
La mise en œuvre de nouvelles mesures de prévention, en amont et en aval des constructions, s’impose. Il serait navrant que les pouvoirs publics y renoncent et que les filières du nucléaire freinent des quatre fers. Ce qui reviendrait à se tirer une balle de pied…
par Guillaume Duhamel zegreenweb
Vers un nouveau paradigme
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