L’arrêt des traitements antiviraux contre le virus du Sida entraîne presque toujours sa réapparition. Des chercheurs viennent d’identifier un nouveau médicament qui empêcherait le virus de se multiplier et de se cacher dans certaines cellules. Ces résultats pourraient constituer le point de départ de la mise en place d’un traitement définitif contre cette maladie mortelle.
Grâce aux antirétroviraux, il est désormais possible d’enrayer la multiplication du virus du Sida. Cela ne l’empêche pas pour autant de se camoufler dans certaines cellules, prêt à surgir dès l’arrêt du traitement. Un médicament, le ciclopirox, pourrait venir à bout de ce problème en éliminant toutes les particules virales, même les mieux cachées. © Kanijoman, Flickr, cc by 2.0
Depuis sa découverte il y a plus de 30 ans, le VIH, le virus responsable du Sida, a fait plus de 25 millions de victimes dans le monde. Son taux de mutation, inégalé, et sa grande capacité d’adaptation en font un agent infectieux redoutable qui ne cesse de donner du fil à retordre aux scientifiques.
Si les recherches sur le Sida n’ont pas encore permis l’éradication de la maladie, elles s’en approchent de plus en plus. Les malades peuvent aujourd’hui vivre aussi longtemps que les personnes non atteintes, mais ils sont très souvent contraints de suivre leur traitement à vie. Seuls quelques rares patients ne semblent plus avoir besoin de médicaments. Deux études ont par exemple rapporté les cas d’une petite fille et de 14 Français en guérison fonctionnelle, qui vivent depuis plusieurs années avec le VIH sans prendre leur traitement. Ces patients ont eu la chance d’être diagnostiqués et pris en charge très rapidement.
Le virus du Sida possède un taux de mutation très supérieur aux autres virus. Pour cette raison, la mise au point d’un vaccin est très difficile. Personne n'a encore réussi à trouver la recette du vaccin qui prévient l'infection au VIH ou qui pousse le système immunitaire à détruire le virus du Sida chez les personnes séropositives. © Andres Rueda, Flickr, cc by 2.0
Les traitements antirétroviraux ciblent des molécules clés du VIH. Ils permettent de contrôler la charge virale et d’élever la population de lymphocytes T4, les cellules immunitaires ciblées par le virus. Cependant, l’interruption des thérapies entraîne presque toujours la réapparition très rapide du virus. Le VIH reste en effet toujours dans un état de latence dans l’organisme.
Le mécanisme par lequel le VIH persiste au sein de ses réservoirs viraux est encore mystérieux. Il serait en partie dû à sa capacité d'empêcher certaines cellules infectées de mourir par apoptose. Par ce biais, le virus resterait silencieux, prêt à ressurgir dès l’arrêt des médicaments. Cependant, cela pourrait bientôt changer. Une équipe de la New Jersey Medical School aux États-Unis vient de mettre en évidence un nouveau médicament capable de tuer le VIH de manière permanente. Cette étude, publiée dans la revue Plos One, pourrait radicalement changer la vie des malades du Sida.
Éliminer les réservoirs rétroviraux grâce à un médicament ?
La molécule en question, appelée ciclopirox, est déjà sur le marché et utilisée pour traiter certaines infections dues à des champignons microscopiques. En étudiant son mécanisme d’action, les chercheurs ont remarqué qu’elle était également capable d’inhiber l’expression des gènes du VIH et d’empêcher sa multiplication dans les cellules.
Mais ce n’est pas tout. Le ciclopirox agirait également sur les cellules infectées par le virus et enclencherait leur mort cellulaire. En d’autres termes, contrairement aux autres antiviraux, ce médicament empêcherait le VIH de se cacher dans les cellules et de former des réservoirs ! En effet, après traitement au ciclopirox, les cellules en culture continuent de se multiplier et aucun élément viral ne ressurgit.
Ce médicament prometteur pourrait révolutionner les thérapies anti-Sida. Des essais cliniques sont désormais nécessaires pour vérifier son efficacité chez l’Homme. Le ciclopirox a déjà été approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) dans le traitement contre les mycoses : les chercheurs sont donc assez optimistes quant à son absence de toxicité chez l’Homme. Reste maintenant à savoir s’il est capable d’éradiquer définitivement le Sida in vivo…