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Le parc des centrales nucléaires européennes nécessite une sérieuse remise à niveau pour assurer la sécurité des réacteurs situés dans des zones habitées, mais aucune fermeture ne sera recommandée par la Commission européenne, selon un rapport qui doit être présenté jeudi.
Les investissements nécessaires sont évalués entre 10 et 25 milliards d'euros. Le commissaire en charge de l'Energie, l'Allemand Gunther Oettinger, présentera ces conclusions jeudi lors d'une conférence de presse.
Rien dans ce rapport n'est alarmiste pour les gouvernements des 14 pays nucléaires (Allemagne, Belgique, Bulgarie, Espagne, Finlande, France, Hongrie, Pays-Bas, République Tchèque, Roumanie, Royaume Uni, Slovaquie, Slovénie et Suède). Les défaillances identifiées peuvent toutes être corrigées et les conclusions ne permettent pas à la Commission de recommander des fermetures, a confié à l'AFP une source proche du dossier.
Le document de 25 pages recense des problèmes identifiés par les autorités de sûreté nationales lors de tests de résistance à une coupure d'électricité provoquée par une catastrophe naturelle, comme ce fut le cas pour la centrale japonaise de Fukushima, ou un accident d'avion.
L'eurodéputé vert français Yannick Jadot a déploré mardi la limitation de l'exercice. Il préconisait "une analyse exhaustive et approfondie des risques d'incendie, d'explosion, d'actes malveillants, de chute d'un avion, d'erreurs humaines ou encore de la combinaison de plusieurs de ces risques".
La sûreté des centrales, notamment la protection contre une attaque terroriste, a été traitée par un groupe spécial mis en place par les gouvernements, mais ses conclusions resteront confidentielles.
Toutes les centrales nucléaires de l'UE montrent des défaillances, y compris les 7 réacteurs de Doel et Tihange. Les deux sites belges nécessitent des investissements pour mieux les protéger des secousses sismiques.
Les autorités françaises ont déjà décidé la fermeture fin 2016 de la centrale de Fessenheim, la plus ancienne du parc nucléaire français. Elle présente pourtant moins d'insuffisances que les centrales de Cattenom, Chooz, Golfech, Nogent, Paluel et Penly.
Mais toutes sont équipées de recombineurs d'hydrogène, un équipement qui permet de prévenir des explosions d'hydrogène et qui fait cruellement défaut dans les 10 centrales du Royaume Uni et cinq des six centrales espagnoles.
Les 12 sites allemands sont pris en défaut pour la gestion d'un "accident grave".
Et deux centrales, Olkiluoto en Finlande et Oskarshamn en Suède, ont moins d'une heure d'autonomie pour restaurer les fonctions de sécurité si elle sont privées d'électricité, comme ce fut le cas à Fukushima.
L'évaluation des coûts n'est pas non plus une surprise. Philippe Jamet, représentant français du Groupe des régulateurs européens dans le domaine de la sûreté nucléaire (ENSREG), qui a mené les tests, avait chiffré en juin entre 100 et 200 millions d'euros par centrale le coût des investissements pour la France, qui compte 58 réacteurs.
Le rapport sera soumis aux dirigeants de l'UE lors de leur sommet les 18 et 19 octobre à Bruxelles. Il leur reviendra de prendre les décisions qu'ils jugeront utiles, car la Commission ne peut rien imposer.
134 réacteurs sont actuellement en service dans 68 centrales et 111 sont actuellement situés dans des zones urbanisées où vivent plus de 100.000 habitants dans un rayon de 15 km. Mais les tests de sécurité n'ont pas porté sur la capacité d'évacuation en cas de catastrophe.