Si mon dernier article sur la nutrition m’avait déjà valu quelques ennemis, celui-ci risque bien de me valoir l’ostracisme de la communauté des Hommes.
Il faut dire que les gens n’aiment pas qu’on leur parle de ce qu’il y a dans leur assiette : manger est un plaisir et l’on envisage mal le renoncement à ce « péché de la chair » (surtout quand ladite chair est délicieusement grillée et qu’elle exhale une odeur mi-caramel mi-barbecue). Les anges gardiens de nos foies comme ceux qui prétendent défendre nos âmes prônent l’ascétisme, mais nous vivons dans une contemporanéité qui fait sa part belle à la jouissance et à l’instantanéité. Ni Dieu, ni maître, et pourtant voilà l’état, l’école, la pub et nos médecins qui nous rabattent les oreilles à grandes leçons de « mangez les 5 fruits et légumes par jour ». La bien-pensance agace et je comprends qu’on puisse trouver dans la consommation de bacon une subversivité salvatrice. C’est d’ailleurs ce qui caractérise nos héros de fiction qui, après la bataille se récompensent de ripailles de bêtes fumantes autour d’une table orgiaque… à l’image d’un banquet gaulois à la fin de tout Astérix qui se respecte ou d’un Luffy dans la saga One Piece (qui nous inspire depuis des années).
Mais bon voilà, dans votre bureau avec vue sur les Champs Élysées, vous dominez peut-être les passants qui sont cinq étages plus bas, mais on ne peut pas vraiment dire que vous ayez l’étoffe d’un guerrier. Vous allez même rapidement vous voir renforcé, en guise de bouclier, d’un joli ventre rondouillard à force d’engloutir votre steak frites quotidien. Celui que vous êtes parti chasser vaillamment, couteau au poing, au self-service de votre cantine. On se croit carnivore, sanguin et viril ; mais la vérité, on se l’accordera, c’est qu’on mange des morceaux de cadavres hachés, surgelés et que les kebabs où déjeunent nos « swaggeurs fashions de Châtelet les Halles » nationaux n’ont jamais rendu un homme viril. Jamais.
La publicité – croyez-moi, c’est mon métier – s’évertue à cultiver cette image, comme celle qui consiste à vous faire avaler qu’en buvant de la bière et en vous aspergeant de One Million de Paco Rabanne vous deviendrez un homme, un vrai – avec tout l’attirail déployé de nanas, 4×4 et Rolex au poignet. Il suffit d’ailleurs d’ouvrir la moindre brochure de nutrition mainstream financée par l’état (Manger Bouger, ça vous parle forcément) pour voir que les intérêts de l’électorat charcutier sont bien représentés. C’est tout de suite moins transgressif de mal manger, n’est-ce pas ?
La vision de Bâtard Sensible sur le sujet
Mettre de l’ordre dans ses préjugés ne doit pas pour autant vous faire croire qu’on doit tout remettre en cause.
Chez Bâtard Sensible, on adore croquer dans un gros burger de chez Breakfast in America ou se faire une bonne quinzaine de sushi Rue Ste. Anne à Paris. La seule différence, c’est que le soir venu, au lieu de croire qu’un steak surgelé mélangé à des pâtes au beurre constitue un repas décent, on essaie de se concocter quelque chose qui change de l’ordinaire, un mets répondant à cette définition étant une délicieuse tourte aux légumes de Provence.
Comprenez l’idée : vous n’allez PAS mourir de carences affreuses et douloureuses si vous « oubliez » de manger des animaux pendant un jour, une semaine, un mois ou davantage. D’un autre côté, on ne conseille à personne de ramener un tupperware de salade vinaigrette alors que vos potes chill’ autour d’un barbecue. Posons-nous simplement la question de savoir si, seul chez soi, il est absolument nécessaire d’avoir fait égorger un animal pour vous offrir cet infâme sandwich jambon/pain Harri’s/moutarde (repas quotidien d’un de mes potes, sad story bro’). Je pense que la viande devrait rester ce qu’elle a été pendant des millénaires : une nourriture de sociabilité et de plaisir, une bête qu’ont sacrifie occasionnellement aux dieux pour se délecter de sa chair en charmante compagnie. A vous de vous faire votre opinion en lisant la suite de l’article !
Vous avez compris qu’on n’es
t pas des relous : pas de destin de la planète sur nos épaules, pas de pleurniche sur les abattoirs, pas de rendez-vous dominical à Naturalia ni même d’oripeaux de la bien-pensance bobo altermondialiste. Les vrais de vrais savent qu’un kalos kagathos doit savoir manger les pissenlits par la racine sans avoir eu besoin de crever pour autant. Et si vous ne me croyez pas, la preuve est dans cette vidéo (joker impossible à contredire, un par article).
J’ai longtemps cru, comme vous, que les végétariens étaient des bourgeoises frigides au teint pâle et maladif, des empêcheuses de bouffer en rond dont l’unique préoccupation dans la vie est de brandir des pancartes contre la chasse, la corrida (et pourquoi pas l’épilation, quand on a cet état d’esprit ?). J’en ai vu – et de sacrées chieuses par-dessus le marché – mais la majorité des gens rencontrés dans le milieu irradiaient par tous leurs pores d’une énergie quasi-solaire. Les tables étaient pleines de victuailles, il y avait du vin, des discussions enjouées et plein de jolies filles. Le jour où les militants comprendront que les gens veulent voir du bonheur et pas des « barquettes de viande humaine », leur cause devrait pouvoir avancer à grands pas.
Cette énergie est pourtant la base concrète qui permet de quantifier facilement le potentiel santé d’une alimentation. La digestion est beaucoup plus légère, et on dispose davantage d’énergie non seulement après le repas, mais par petites touches au fil de la journée. Les pilules Juvamine ne trôneront plus sur votre table de chevet l’hiver venu : le concentré de bonnes vitamines se trouve dans votre assiette. Il faut arrêter de croire que vous pouvez être un winner et dîner au McDonald’s, vous enfiler une canette de Red Bull et faire la fête en boîte jusqu’au lever du soleil. Si vous osez faire ça, vous cultivez du vide (patates frites mises à part).
Connaissez-vous le point commun entre ces personnalités sportives ?
Bien sûr, puisque c’est écrit sur le site. On ne peut pas dire qu’il s’agit de semi-hommes, surtout qu’il y a parmi ces joyeux lurons un sacré paquet de noms de légende, comme celui du coureur Carl Lewis (vainqueur de neuf médailles d’or aux J.O.) ; Surya Bonaly, neuf fois championne en patinage artistique ; James Donaldson, star de la NBA ou encore Ivan Lendl, pièce forte du tennis. La liste est encore longue, mais il paraît qu’il faut savoir faire court.
« Bien sûr, beaucoup de mes coéquipiers me taquinaient pour être végétarien, mais ils ont remarqué que j’étais en bonne santé, ne tombais pas malade, n’avais pas de rhume, de grippe ni de maux de tête, rien. Je jouais match après match, et j’ai joué pendant longtemps. Et encore, aujourd’hui à 50 ans, je travaille tous les jours. Je continue à avoir 5 heures, 6 heures de sommeil, j’ai donc de longues journées tous les jours et je me sens bien chaque seconde du jour. »
- James Donaldson, Star NBA de basketball
Et puis, soyez-fous : dites-vous que même Mike Tyson l’est, alors bon…
On part du postulat qu’il faut éviter la faiblesse, or c’est tout le contraire : ce régime booste force et endurance.
On a fait cette observation dans plusieurs études, dont une en 1986 où on a fait pédaler des groupes d’hommes en les soumettant à 3 régimes différents. Les full carnivores pédalaient sans s’arrêter 57 minutes alors que les végétariens allaient jusqu’à 167 minutes. De quoi faire réfléchir les amateurs du régime Dukan. Même l’alimentation « équilibrée » offrait de moindres performances avec un temps de pédalage de 114 minutes.
Mais, bon question vélo, ça n’intéresse pas grand monde. Alors si je vous disais qu’il est d’autorité que vous allez carburer au pieu et offrir à vos compagnes des vitamines B12 aux saveurs tutti frutti (c’est suffisamment gros pour justifier une métaphore obscure) ? Bon après, on peut discuter longtemps de ces études, ce qui me gardera d’émettre tout jugement à cet égard (dit-il avec une expression sur le visage fleurant bon l’innocence).
Vous comprendrez de la même façon que pour avoir des muscles de bison, pas besoin de vous engloutir 10 œufs « pour choper des protéines ». Vous y gagnerez aussi les avantages suivants : accumuler du mauvais gras, acidifier votre sang et les autres joyeusetés qu’on imagine quand on gobe des bébés poules en trop grande quantité.
En fait pour prendre de la masse avec des végétaux, vous avez plein d’aliments super protéinés sans que ce soit forcement du tofu ou autres bizarreries qui peuplent les étalages des magasins bio. Ce n’est pas plus difficile que de suivre les conseils nutritionnels de la méthode Lafay ou autres régimes GQ. Je vous laisse pour ça dans les mains expertes de la nutrition sportive.
Robert Cheeke est un de ces nombreux bodybuilders vegan. Vous voulez qu’on aille lui parler de votre virilité et des protéines ?
Je veux bien croire aussi qu’on « live fast, die young », mais à 30 ans, je doute que vous soyez toujours en accord avec cette impétuosité juvénile. Je comprends d’ailleurs que ça n’ait pas l’air super fun « d’épargner son corps pour la retraite » comme de vieux-jeunes, mais dites-vous que ça peut être utile et que vous vous remercierez plus tard.
En France, 48% de la population est en surpoids (dont 17% d’obèses).
C’est beaucoup, mais moins qu’aux Etats-Unis, où moins d’un tiers de la population a des proportions saines. Ca mérite qu’on se pose des questions sur les effets d’une telle situation :
- Vous réduisez de moitié vos chances de chopper un diabète de type 2, de l’hypertension ou un cancer, soit vos chances de crever dans la douleur à prendre des médocs pendant les 10 dernières années de votre – dorénavant misérable – existence.
- Avec un régime sain, vous avez 4% de chances de mourir d’une crise cardiaque subite et précoce alors qu’avec un régime à l’américaine, c’est une chance sur deux (+ de 70% des américains meurent trop tôt à cause de leur alimentation).
- L’excès de lait affaiblit vos os, contrairement à ce que vous font croire les pubs. Vous les alourdissez, rendez le calcium « moins durable » (car trop renouvelé) et rendez donc votre joli matériel beaucoup plus cassant. Ceci explique l’ostéoporose massive qu’on retrouve aux Etats-Unis… et pas en Asie (les populations asiatiques boivent peu de lait car elles le digèrent mal pour des raisons génétiques).
- Vous limitez les risques de mourir d’une intoxication alimentaire, de choper l’E. Coli ou une maladie exotique que font naitre chaque jour les conditions d’élevage (et ne rigolez pas, ça arrive plus souvent qu’on ne le croit).
- Dernière chose, et non des moindres : l’obésité est rare chez les végétariens. Contrairement au régime Dukan, c’est durable, sain et ça vous évite l’haleine de chacal due à la cétose de ce régime fortement déconseillé par notre comité d’experts.
Sérieux, les mecs, à 60 ans, j’aimerais qu’on boive encore des coups ensemble au fond d’un bar stylé ou dans les canapés de nos luxueuses demeures. Pas sur un lit d’hôpital, en cachette, avant que l’infirmière de service passe changer votre couche.
Vous avez probablement déjà entendu parler du régime d’Okinawa ou du régime Crétois ? Ce sont des régions du monde où l’on vit très longtemps et les centenaires y sont légion. Leur alimentation est simple, goûteuse (Shruikan peut en attester, il est parti au Japon pendant trois semaines cet été), et composée pour sa majeure partie de végétaux. Coïncidence ? Je ne crois pas :
- Okinawa : 7 portions de légumes et de fruits, autant de céréales et deux plats à base de soja (tofu). Poisson 3 fois par semaine.
– Crétois : légumes, fruits et huile d’olive en quantité. Un peu de fromage, de vin et de céréales. Poisson 3 fois par semaine et une petite quantité de volaille (viande blanche, moins nocive que la viande rouge).
Pensons d’ailleurs à nos aïeux d’avant les Trente Glorieuses qui consommaient soupe et ragoûts de légumes avec très peu de viande. Avec moins de pain, de laitage et les progrès de la médecine actuels, ils nous mettraient la nique en longévité. Les mains dans le dos.
Christian Mortensen doyen de l’humanité (114 ans) était végétarien !
Ca aussi, vous devez le savoir : quand on est payé plusieurs millions de $ pour un film et qu’on souhaite faire longue carrière, on prend soin de son image. Ça ne trompe pas les célébrités qui, pour leur santé ou par militantisme, adoptent un régime végétarien (ou très végétalisé). D’ailleurs, à en croire cette liste des acteurs végétariens ce sont plutôt les carnivores qui se comptent sur les doigts d’une main amputée.
La question je vous la retourne : est-ce vous êtes prêt à parier qu’un McDonald’s recouvre tous vos besoins en vitamines et autres éléments aux noms exotiques ?
Nous sommes ce que nous mangeons. Nous construisons sans cesse les briques de notre corps grâce à ce que nous ingurgitons : la vache mange de l’herbe, stocke les nutriments qu’elle en retire dans sa viande, puis nous l’enfournons dans nos bouches. A chaque étape, il y a bien sûr pas mal de pertes et vous ingurgitez indirectement tous les pesticides, hormones et médicaments qu’on lui donne.
Cette petite démonstration pour vous dire que tout peut se retrouver à la source : mangez la vie forte et saine qui jaillit du sol n’est-il pas préférable à une énergie morte, appauvrie et dégénérée par des transferts successifs ?
La nature est riche en protéines, en calcium, en fer et en tout ce qui est généralement attaché à la viande et au lait dans notre imaginaire. Le calcium dans les brocolis, le fer dans les lentilles ou les protéines dans les pois chiches rempliront les besoins de votre organisme (ce sont des exemples, il y a plein d’autres sources). Le seul truc qu’on ne retrouve pas sur nos étals maraîchers, c’est la vitamine B12… qui n’est même plus synthétisée par les animaux d’élevage (car produite par la fermentation de l’herbe verte dans l’estomac). On est obligé de leur donner des compléments pour pouvoir continuer à marquer sur les emballages « viande riche en B12 et en fer ». Si vous êtes végétariens stricts (sans oeufs, poisson ou viande occasionnelle), vous n’en avez pas besoin des masses mais vous en trouverez dans la plupart des produits végétaux (jus de fruit ou lait de soja enrichi en B12, etc.).
Dans les restaurants, on annonce la viande puis l’accompagnement : tartare de boeuf, oignon frit sur son lit d’artichaut et jeunes pousses. Et si au lieu de ça on faisait le plat en fonction du légume ?
Car ce qui est bien quand on ne met plus la viande au cœur du plat, c’est que ça vous force à vous faire jouir le palais par d’autres moyens. Et de ce côté, la découverte et plutôt bonne et on y gagne au change : nouveaux légumes, nouvelles épices, nouveaux mélanges et recherche de la qualité. Croyez-moi, vous ne cesserez d’inventer de nouveaux plats en faisant marcher vos envies « mécaniques ». On peut commencer doucement en ajoutant plus de légumes à la viande (comme les poêlées thaïlandaises) mais vous allez vite vous rendre compte qu’avec ou sans le bon goût est encore là.
Désolé, j’ai essayé mais ça n’a a aucun goût.
Si on est tous aujourd’hui à ce point traumatisés par les légumes, c’est à cause de la macédoine mayo des cantines scolaires. Non mais sérieusement, le mec qui a inventé ça mériterait son procès de Nuremberg. Il faut totalement fuir cette conception des plats de légumes ! Un régime végétarien ce n’est pas manger des entrées ou des plats classiques la viande en moins, bordel.
Le choix des aliments est ici essentiel. Si vous voulez commencer proprement, filez au marché de votre quartier (à Paris il y en a 2-3 par arrondissement, ouverts tous les jours de 9 à 13h en général) et prenez moi un max de légumes. Pour ceux qui veulent commencer sans mauvaises surprises, il y a des « paniers en libre service » sur les stands bio : 4 kilos de produits bio au choix pour 10 euros seulement (le prix d’un menu de 500 grammes au McDo). Niveau légumes, vous pouvez aussi vous rabattre sur les surgelés (parfait pour les légumes verts) et quelques conserves (pour les légumineuses, mais ce n’est pas le top).
Mettons-nous déjà d’accord sur une chose : la bière et les frites ne sont certes pas top pour la santé, mais elles sont végétariennes. Vous pouvez d’ailleurs totalement adapter la « junk food » en la rendant fraîche et largement plus saine : pizza de légumes, burger au steak de soja, lasagnes, nems, omelettes, raviolis, tortillas au haricot rouge et même des saucisses qui donnent envie. Vous avez ça, tout fait, pour la moitié du prix d’un steak dans les magasins bio.
Et si ça ne vous suffit pas, faites-vous aussi de l’houmous, des falafels, du caviar d’aubergines, des tajines de lentilles et des poêlées de légumes thaï et vous allez revoir votre définition de peine-a-jouir. Tous les plats cités plus haut prennent deux secondes à concocter et se conservent mieux que ce que vous imaginez. Vous avez plein de recettes végétariennes à base de fromage et d’oeuf, mais puisque vous aimez les défis, je vous propose de tester quelques recettes végétaliennes. Ce soir, je me suis fais un kiff : voilà ce que je suis en train de manger, un peu technique à faire en apparence (trop pour un débutant). Mais je jouis à chaque bouchée, et finalement, c’est l’essentiel.
« Je pense que les transformations et les effets purificateurs d’un régime végétarien sur l’homme sont très bénéfiques à l’espèce humaine »
– Albert Einstein
Il y a depuis des millénaires des peuples, des hommes et des courants de pensée qui matraquent que pour s’élever, l’humanité doit se purifier le corps et cesser de faire couler le sang. Il ne faut pas forcément être mystique pour imaginer que la chair dans nos entrailles ne véhicule pas un credo d’amour et de paix.
« Le peu de végétariens par philosophie ont fait plus pour l’humanité que tous les philosophes modernes »
- Friedrich Nietzsche
J’ai été frappé par le nombre de grands penseurs et inventeurs qui, au cours de leur vie, avait fait l’apologie des régimes végétariens et l’étaient parfois devenus (toute leur vie ou sous forme de diète). Il existe une liste complète de végétariens célèbres dont je vous offre un court extrait imagé :
Preuve s’il en faut une qu’on peut manger des plantes et avoir le cerveau qui carbure.
En moins glorieux, on peut ajouter à cette liste Hitler et un certain nombre de membres de sa garde rapprochée. Inspiré par les théories de régénération (et Wagner en prime), il y a dans son Mein Kampf quelques passages sur le droit des animaux, l’élévation de l’esprit et la santé du corps. Lui-même, bien qu’amateur de saucisses et de pigeon, passera à un régime végétarien à cause de ses problèmes d’estomac et de flatulences. C’est qu’il était nerveux, le petit bonhomme.
On sait que l’hindouisme et le bouddhisme font très directement référence à la nécessité de ne pas manger de chair, mais sait-on seulement que nos monothéismes aussi sont friands de conseils nutritionnels ?
Dans l’Ancien Testament, il est dit que Dieu a donné aux premiers hommes les semences de la terre et des arbres pour se nourrir. D’Adam jusqu’à Noé, l’homme était alors végétarien (cueilleur) puis tomba dans le péché et se mit à offrir des animaux en sacrifice.
Pourtant, Dieu dit :
« Je suis dégoûté des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux. Le sang des taureaux, des brebis et des boucs Me répugne… Quand vous tendrez vos mains, Je détournerai les yeux. Vous avez beau multiplier les prières, Moi, Je n’écoute pas, car vos mains sont pleines de sang. » (Isaïe 1:11-15).
Le Nouveau comme l’Ancien Testament regorgent tant et si bien de ces appels qu’un grand nombre de communautés juives et chrétiennes se construisent autour du refus du sacrifice. L’Islam n’est pas en reste, puisqu’à la diète alimentaire très sobre du prophète toute sa vie durant (composée essentiellement de dattes, la viande séchée étant présente en très petites quantités), il faut ajouter une tradition soufie qui recommande plus directement le végétarisme.
« A l’époque, le rasûl (prophète) d’Allah dit à son cousin « Ali, ô Ali, tu ne devrais pas manger de viande. Si tu manges la viande durant quarante jours, ses qualités seront en toi. Ses actions viendront en toi. Leur sang viendra en toi. Leurs qualités et leurs actions viendront en toi. A cause de cela, tes qualités humaines changeront, tes qualités de compassion changeront, l’essence de ton corps changera. Ô Ali, tu ne devrais pas manger de viande ni de chair. Tu dois réduire cela. Ne manges pas cela. »
– citation de Muhammad Raheem Bawa Muhaiyaddeen
« L’homme vint avant la hache et le feu, il ne pouvait donc pas être omnivore » – Thomas Henry Huxley
Il faut corriger une vérité assez tenace dans nos esprits : nous ne sommes pas carnivores. Même si vous mangez un steak cru tous les midis, vous l’accompagnez d’aliments qui ne plairaient pas au lion auquel vous aimez vous comparer (vin, chocolat, pain). Triste destin de ces derniers qui ne trouvent aux fruits, pâtes et bonbons aucun goût (ils n’ont pas le goût du sucré). D’ailleurs, je ne sais pas si vous vous êtes regardé, mais on ne peut pas dire que vous faites très très peur comme prédateur. La vérité c’est que notre anatomie est plus proche des frugivores (type chimpanzé) que de la hyène (qui mange des morceaux de cadavres comme nous) et je vais vous le prouver avec une minute Darwin :
- L’humain n’a ni dents ni griffes permettant la chasse. Ce n’est pas avec nos deux canines (que nous partageons avec les gorilles) et nos ongles manucurés qu’on va courir après la gazelle.
– L’intestin des carnivores est très court, et ce, pour éviter que la viande ne s’y décompose trop en libérant ses toxines (urates, acide lactique, corps gras saturés, purine, albumine). Or il se trouve que le nôtre est très long et laisse tout ce petit monde se répandre dans le sang. Je vous rassure, foie et rein rentrent alors en action, mais c’est une fatigue dont ils se passeraient avec toutes les cochonneries qu’on avale et le stress dans lequel on vit, vous ne croyez pas ?
– Impossible de digérer les os : notre acidité gastrique est 20 fois moins élevée que nos amis de la savane.
Mais ne séchez pas vos larmes, ce n’est pas si triste que ça :
On peut manger des feuilles et en avoir entre les jambes.
Ouvrez les robinets quand vous vous brossez les dents, oubliez d’éteindre la lumière dans les couloirs et arrêtez de donner de l’argent pour nourrir les petits africains. N’en ayez plus rien à foutre de la bien-pensance du 13h sur TF1 parce qu’avec votre nouveau mode de vie, c’est 3 planètes comme la nôtre qu’on pourrait nourrir.
On ne peut en effet pas faire l’impasse sur l’argument n°1 et imparable du régime végétarien : c’est bon pour la nature, sa faune comme sa flore. Sans tomber dans l’écologisme forcené, faisons un petit tour d’horizon des effets de l’industrie de la viande sur la planète.
Si le lion mange de la gazelle et qu’il serait difficile de nier que la mort fait partie de la vie, il ne me semble pas que l’abattage à la chaîne soient une création de mère Nature.
On est loin des vaches de figuration qu’on voit aux vitres des trains !
Je n’aimerais personnellement pas être une vache née dans un élevage, entassée dans mes selles avec des congénères à manger une bouillasse faite de maïs et des restes de ma mère en farine animale. D’ailleurs, pour ce qui est du passage de couteau sous la gorge, ce n’est pas tant une question d’empathie avec l’animal que le fait qu’on soit incapable de passer à l’acte. Si nous devions nous-mêmes tuer notre viande, on serait nombreux à ne plus en manger.
Toujours dans la séquence émotions, on peut regarder le documentaire de référence sur les animaux d’élevage Earthling qui met tout le monde d’accord (version plus courte par la Peta). Votre steak passera de l’objet « viande » à un « morceau d’un veau jouant gaiement avec la queue de sa mère dans une prairie ». Pour les sadiques, il y a une séquence avec un éléphant qui broie la colonne vertébrale de son maître et des chiens gazés puis passés à la broyeuse.
A la souffrance animale, il faut ajouter une considération écologique et économique : élever une vache requiert énormément d’énergie. C’est que ça doit manger, cette grosse bête !
– 1 kilogramme de viande de bovin nécessite 14 fois plus d’eau douce que la production d’un kilo d’aliments végétaux.
- Une calorie animale consommable demande 10 fois plus d’énergie fossile que la création d’une calorie végétale. L’élevage nécessite plus d’1/3 des matières premières et des carburants aux États-Unis. Seuls 2% suffiraient pour nourrir ce petit monde en végétaux. On pourrait alors prolonger de 260 ans les réserves de pétrole par rapport aux prévisions.
Outre ces considérations statistiques, on imagine bien les problèmes que ça pose en termes d’espace : l’élevage, c’est aussi des tonnes et des tonnes de maïs et de soja qu’il faut produire. Un bœuf jusqu’à « maturation » demande plus de 5 hectares de végétaux pour se nourrir, l’équivalent de 3 stades de foot (ce qui permet de nourrir une dizaine de végétariens dans la même période). Et quand on manque de place, on fait comme les Brésiliens : on brûle la forêt et donc les poumons de la planète (et hop, des millions de tonnes de CO2 en plus). Et c’est bien le problème, puisque ayant d’énormes besoins pour nourrir les animaux, on fabrique dans le Sud des végétaux bas de gamme pour les exporter dans le Nord sous forme de poudres végétales déshydratées. Autant d’hectares non disponibles pour les locaux afin de se nourrir.
On ne parle même pas des mers acidifiées et étouffées d’algues et de méduses par la pénétration des merdes de porc dans la nappe phréatique ; des pesticides qui souillent les terres pour des centaines d’années ; des antibiotiques qu’on retrouve dans des cycles alimentaires longs (exemple parlant : tétracycline qui défonce vos dents), etc.
Un dernier chiffre et je vous laisse tranquilles : si les Anglais arrêtaient de manger de la viande pendant un jour, c’est comme si nous retirions 5 millions de voitures de la circulation. Un individu qui mange une petite portion de viande tous les jours pendant un an a fait un trajet de plus de 1000 heures en voiture : un tour du monde en 4×4 … a multiplier par toutes les années d’une vie… à multiplier par le nombre d’occidentaux.
Les sources et d’autres exemples sur les 400 raisons d’être végétarien. A couper le souffle.
Si vous êtes arrivé jusqu’ici, vous êtes sur la bonne voie. Pour les haters, le derniers paragraphe de cet article a dû finir de les achever et cesser toute lecture de celui-ci pour poster rageusement (ou à demi-rageusement) dans les commentaires. Nous sommes donc restés en bonne compagnie pour cette fin d’article.
Contrairement à ce qui peut être lu en filigrane, je ne demande à personne, moi le premier, d’adhérer idéologiquement à la cause végétarienne. Végétaliser son alimentation sans renoncer totalement à la viande est déjà un grand pas pour vous comme ce qui vous entoure. Quand on met le pied dedans, on a tendance à aller « trop loin » : végétalisme militant (pas de fromage, d’œuf, de miel… et de cuir), antispécisme (droit de l’homme et des animaux égaux), rejet total de la société de consommation et vous finissez sur une île déserte à faire du yoga en sarouel, le séjour payé par votre fuck-friend (true story). Pourquoi pas, après tout, mais je ne pense pas que ce soit à l’ordre du jour vous concernant tous. La société n’est déjà structurellement pas faite pour votre nouveau mode de vie (plus de kebabs que de saladeries), alors pour conserver votre santé mentale et votre capacité à vivre ici bas, sachez faire la part des choses. Si vous commenciez pas ne manger de la viande rouge qu’une fois par semaine ? Vous imposer un ou deux jours sans aucune viande ? C’est le genre de petit défi qui fera votre grande évolution. Les Japonais l’ont bien compris avec leur méthode kaizen.
Dernier conseil d’une extrême importance : n’essayez JAMAIS de convaincre quelqu’un à l’oral. Vous allez l’énerver et, à moins d’avoir le charisme de Steve Jobs, vous allez vous planter comme une merde un jour de pluie. Vous passerez pour monsieur-je-sais-tout et vous ne pourrez pas finir votre argumentation maladroite avant de vous faire molester verbalement. Quand on vous pose la question de votre engagement, soyez évasif : religion, modèle philosophique, plaisir ou régime santé (pourquoi pas les quatre à la fois, tiens ?). N’idéologisez pas trop ce que vous avez dans votre assiette, les femmes comme vos potes vous préfèrent avec un bon coup de fourchette.
Si vous voulez aider un ami, vous pouvez par contre partager l’article. Si on vous a convaincu, on doit bien pouvoir le convaincre lui (ou planter une petite graine de réflexion dans son esprit, sans vouloir donner dans le jeu de mots vaseux).
Une fois le pas sauté, un petit avant-goût quand même de ce que vous allez vivre :
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Enfin, si vous pensez que vous êtes un omnivore, voici la preuve par 16 que tout cela est FAUX, lisez donc cet article > L’Homme est Herbivore, la preuve par 16