Une étude publiée par l'Institut de veille sanitaire (InVS) tire la sonnette d'alarme : si l'exposition des Français aux pesticides d'ancienne génération a fortement baissé, l'exposition à certaines nouvelles molécules, aux effets avérés sur la santé, reste préoccupante. Une étude
Nadine Fréry - Charles Sultan
Charles Sultan : C’est un véritable enjeu de santé publique pour le présent et le futur. La France est le premier producteur de pesticides au monde par surface agricole. On a montré que la contamination des pesticides commençait dès la vie fœtale, qu’elle se poursuivait en période post-natale et qu’elle continuait jusqu’à l’âge adulte. Les pesticides ont une action qui touche de très nombreux organes, et ils ont le pouvoir d’être stockés chez l’homme et d’être libérés plusieurs mois, plusieurs années plus tard.
Nadine Fréry : Ce n’est pas parce qu’on est capable de mesurer une quantité de pesticides dans l’organisme qu’elle provoque forcément un effet sanitaire. Le problème c’est qu’aujourd’hui on ne sait pas où est le seuil de dangerosité. A titre de prévention il faut surveiller l’exposition de la population. Il faut faire des études sur la durée, pour mesurer l’évolution de l’imprégnation.
Charles Sultan : Les pesticides sont des perturbateurs endocriniens c’est-à-dire qu’ils vont bouleverser l’équilibre endocrinien. Cela se traduit par une augmentation de l’activité œstrogénique et par un frein de l’action des androgènes. Ce sont des produits chimiques qui sont capables de modifier le développement du tissu adipeux, ils sont obésogènes, ils favorisent les tissus gras.
On sait que les pesticides sont capables de modifier pendant la vie fœtale l’expression de certains gènes, l’équilibre génétique. Ils vont marquer le fœtus. Les effets néfastes des pesticides peuvent engendrer des déséquilibres hormonaux qui s’expriment par des malformations génitales ...