Cuisine, cosmétique, alimentation, médecine, environnement… Nous sommes de plus en plus exposés à l’aluminium dans notre quotidien. Il s’agit pourtant d’un métal toxique, suspecté d'avoir un rôle actif dans différentes pathologies, comme Alzheimer. Les éléments d'un dossier plutôt lourd.
L’aluminium est le métal le plus abondant dans la croûte terrestre, et le troisième élément présent après l’oxygène et le silicium. Extrait de minerais comme la bauxite où il se trouve sous forme d’oxydes, il sert à l’activité de différentes industries. Son omniprésence interroge au vu des conséquences néfastes qu’il pourrait avoir sur la santé.
Les faits : des humains de plus en plus exposés à l’aluminium
Dans un article publié dans Environmental Science : Processes and Impacts, Christopher Exley, professeur à l’université de Keele (Royaume-Uni), lance un signal d’alarme concernant notre exposition à l’aluminium. C’est un phénomène récent à l’échelle humaine : voilà moins de deux siècles que les Hommes savent exploiter l’aluminium de manière industrielle. Métal désormais le plus consommé après le fer, l’aluminium a vu sa demande multipliée par 30 depuis 1950. Elle pourrait encore doubler d’ici 2050. Or, la majeure partie de l’aluminium produit provient de nouvelles extractions et non du recyclage.
Nous sommes exposés à cet aluminium à différents niveaux, à commencer par l’air que nous respirons. En effet, un air de bonne qualité qui contiendrait seulement 100 ng par m3 nous expose déjà à 1,4 µg d’aluminium par jour. Dans les régions industrielles, ces niveaux peuvent être multipliés par 1.000 et donc atteindre 1,4 mg par jour. Pour le professeur Exley, il est tout à fait probable que la majorité de cet aluminium reste dans les poumons et l’épithélium olfactif.
Décryptage : une exposition croissante au quotidien
Si la demande en aluminium explose, c’est parce que le métal a trouvé des applications dans de nombreux domaines : bâtiment (huisseries), transports (avions), agroalimentaire (additifs), emballage (canettes), ustensiles de cuisine (casseroles), médecine (adjuvants de vaccins, alliages dentaires), cosmétique (déodorants, maquillage), traitement des eaux, etc. L’exposition alimentaire est une question récurrente ces dernières années.
L’Efsa, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, a rendu un avis public en 2008 sur la question de l’aluminium alimentaire. S’il est présent naturellement dans les fruits et légumes, l’aluminium favorise aussi la conservation des aliments, et sert d’agent levant et de colorant. Selon l’agence européenne, les principales sources alimentaires d’aluminium seraient les céréales et leurs produits dérivés, les légumes, les boissons et… certaines préparations pour nourrissons ! De fortes concentrations ont été relevées dans des feuilles de thé, des herbes, du cacao et des épices.
L’Efsa a fixé la dose maximale hebdomadaire à ne pas dépasser à 1 mg/kg, tout en affirmant que cette limite serait franchie par une part significative de la population : l’exposition des Européens se situerait entre 0,2 à 1,5 mg/kg/semaine. Le cas des enfants est inquiétant en raison de leur faible poids. Si l’eau ne représente qu’une partie mineure des apports, de nouvelles recommandations visant à prévenir le risque de maladie d’Alzheimer suggèrent d’éviter l’aluminium dans la cuisine. Pourquoi ces précautions ?
De quoi frémir : un métal toxique sans fonction biologique
Contrairement au fer ou au cuivre, l’aluminium n’a aucune fonction biologique connue. Dans le sang, il est transporté par la transferrine, une protéine qui assure également le transport du fer. Une fois absorbé par l’organisme, il s’accumule dans certains organes où il pourrait causer des dommages. Des effets nocifs ont été observés chez les professionnels travaillant au contact de l’aluminium, mais aussi chez des patients dialysés. Ces derniers peuvent être exposés à des doses élevées à cause des fluides utilisés par la dialyse : des dommages au cerveau et des pathologies proches d’Alzheimer ont pu être observés chez eux.
Considérée comme toxique, l’exposition humaine à l’aluminium a été évoquée dans différentes pathologies : maladies des os, cancers (avec un débat autour du cancer du sein et des déodorants) et maladie d’Alzheimer. L’étude Paquid (Personnes âgées quid ?), menée en France, avait montré que le risque de maladie d’Alzheimer était associé à la concentration d’aluminium dans l’eau. L’aluminium pourrait favoriser l’agrégation des protéines amyloïdes dans le cerveau des malades. Mais la relation entre la maladie d’Alzheimer et l’aluminium reste controversée.
Aussi, par mesure de précaution, surveillons la présence d’aluminium dans les cosmétiques, préparations alimentaires, et évitons le contact des aliments avec ce métal !