« J’ai été élu (…) sur une réduction à 50 % de la part du nucléaire dans notre mix électrique. Et je tiendrai cet engagement. » En fait, non. Emmanuel Macron ne tiendra pas cet engagement, tout simplement parce que cet engagement est incohérent. Lorsqu’il promet à l’Elysée mardi dernier de ramener la part du nucléaire à la moitié de la production électrique française en 2035 (contre 72 % aujourd’hui), et que « en même temps », il annonce la fermeture de 14 réacteurs nucléaires d’ici à cette date, c’est de la poudre de perlimpimpin.
Car atteindre 50 % de nucléaire en 2035 et fermer 14 réacteurs, comme l’envisage le gouvernement dans sa nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), signifie en pratique un énorme excédent de production d’électricité par rapport à la consommation domestique.
C’est que font fort bien observer les experts en énergie de l’association Négawatt. Ils estiment entre 160 et 243 térawattheures (TWh) par an le solde net (exports – imports) de ce qu’il faudrait alors exporter, soit un triplement au moins de ce solde, qui tourne depuis plus de dix autour de 50 TWh par an. Un scénario irréaliste.
Les énergéticiens sont des gens qui savent compter et ne s’en laissent pas conter. Pour autant, s’ils savent manier la calculette, leurs calculs sont à la portée de tous. Voici ceux des experts de l’association Négawatt, ils sont clairs et simples.
Une consommation appelée à stagner
D’abord, il faut avoir en tête que d’ici à 2035, c’est-à-dire sur les quinze prochaines années, la consommation électrique de la France va le plus probablement rester stable voire même décliner. C’est ce qu’estime dans son dernier bilan prévisonnel RTE, l’entreprise publique en charge des réseaux de transports d’électricité, peu connue pour faire de la prospective sur des bases fantaisistes. Ces perspectives s’expliquent notamment par le fait que la hausse de la consommation d’électricité qu’induirait une forte progression du parc de véhicules électriques et de l’électrification de process industriels reste sur cet horizon de temps – au moins - compensée par les progrès constants des économies d’énergies réalisée au niveau des usages finaux (l’isolation des logements chauffés à l’électricité par exemple) et de l’efficacité des appareils électriques. Pour appuyer sa démonstration, Négawatt fait l’hypothèse conservatrice d’une stabilité de la consommation intérieure brute1 française, soit 482 TWh en 2035, autant qu’en 2017.
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