Depuis le 18 décembre dernier, sont interdites les publicités pour les médicaments antirhume de type Actifed Rhume, Dolirhume ou encore Humex Rhume (voir la liste complète). Que ce soit en pharmacie, à la télévision ou dans tout autre média grand public.
Cette décision, adoptée en catimini par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), concerne onze décongestionnants oraux contre le rhume et les états grippaux contenant tous de la pseudoéphédrine et commercialisés sans ordonnance.
Effets indésirables rares mais graves
La pseudoéphédrine est un vasoconstricteur, ce qui signifie qu’elle contracte les vaisseaux sanguins et augmente le diamètre des cavités nasales, afin de décongestionner les nez bouchés. Mais elle contracte aussi les vaisseaux sanguins de tout l’organisme, pouvant entraîner des effets graves chez certains patients.
L’ANSM justifie ainsi sa décision d’interdire les publicités pour ces médicaments : « Des cas rares mais graves d’effets indésirables cardiovasculaires (hypertension artérielle, angine de poitrine) ou neurologiques (convulsions, troubles du comportement et accident vasculaire cérébral) continuent à être rapportés à l’ANSM via des déclarations de pharmacovigilance. Ils sont très souvent liés à un mésusage du médicament (non-respect de contre-indications, durée de traitement supérieure à 5 jours, etc.). »
Une interdiction étrangement discrète
L’ANSM a communiqué sa décision directement aux laboratoires, prenant de court les pharmaciens, qui ont dû enlever de leurs vitrines et de leur officine toute publicité pour ces « stars » de la vente sans ordonnance. Étrangement, aucun texte officiel n’a pour l’heure été publié. Et aucune information à l’adresse du grand public n’a été diffusée sur le site Internet de l’ANSM.
Seule une discrète mise à jour d’un document daté du 11 décembre 2012 évoque cette interdiction. Dans ce document, on apprend également que les pharmaciens sont invités par l’ANSM à « évaluer l’opportunité de dispenser des médicaments au regard notamment des contre-indications qu’ils présentent, et conseiller les patients sur les alternatives possibles ».
60 Millions alerte depuis 2014
En novembre dernier, 60 Millions avait alerté sur les dangers de ces médicaments dans son hors-série Se soigner sans ordonnance (décembre 2017-janvier 2018). Ce n’était pas la première fois. Déjà en 2014, puis fin 2015, nous avions soulevé cette problématique.
Cocktails de deux à trois composés actifs, ces antirhumes présentent aussi des risques de surdosage. L’interdiction de la publicité pour ces médicaments va, espérons-le, contribuer à lutter contre la banalisation de ces produits plus dangereux qu’utiles.
D’autres moyens de soulager le rhume
Face à la persistance des dangers et des mésusages de ces médicaments, la décision de l’ANSM est toutefois bien timide. Une interdiction pure et simple de la vente sans ordonnance aurait été plus sage.
Rappelons-le, risquer un accident grave – même rare – pour traiter un banal rhume n’est pas raisonnable. D’autant qu’il existe d’autres moyens pour soulager un nez bouché : lavage avec du sérum physiologique, inhalations, etc.