La symbolique de l’horloge de la fin du monde (Doomsday Clock) a été conçue par le Bulletin of Atomic Scientists (Bulletin des scientifiques atomistes), qui a été fondé par de nombreux scientifiques qui ont notamment travaillé sur le projet Manhattan et qui compte actuellement une bonne dizaine de prix Nobel parmi ses membres. L’horloge représente à quel point l’humanité est au bord de l’anéantissement par ses propres moyens…
Image d’entête : l’essai d’armes nucléaires Castle Bravo (15 mégatonnes) sur l’atoll de Bikini (1954).
Elle a été créée en 1947, en réponse à l’utilisation de bombes nucléaires à Hiroshima et Nagasaki au Japon. Au début, les aiguilles de l’horloge étaient à sept minutes avant minuit. Depuis 70 ans, l’horloge ne s’est jamais éloignée de l’apocalypse que de plus de 17 minutes avant minuit, lorsque la guerre froide a pris fin en 1991.
Le Bulletin des scientifiques atomistes a annoncé, lors d’une conférence de presse à Washington le 26 janvier, sa mise à jour pour la placer à 30 secondes plus près de minuit (2,5 minutes de minuit) présentant la plus grande menace d’une fin du monde depuis 1953.
À l’époque, la Russie et les États-Unis faisaient exploser des bombes à hydrogène dans des intervalles de 9 mois entre chacune, marquant le début de la course aux armements nucléaires et l’escalade de la guerre froide. Aujourd’hui, le fait que des gouvernements fassent preuve d’un certain "laxisme" sur les armes nucléaires au mépris croissant de l’expertise scientifique a poussé les aiguilles de l’horloge à 2,5 minutes de minuit.
En annonçant que l’Horloge de la fin du monde se rapprochait de 30 secondes de la fin de l’humanité, le groupe a noté qu’en 2016 :
…le paysage mondial de la sécurité s’obscurcissait alors que la communauté internationale ne parvenait pas à s’attaquer efficacement aux menaces existentielles les plus pressantes, les armes nucléaires et le changement climatique.
Mais l’organisation a également cité l’élection du président américain Trump dans le changement de l’horloge symbolique et selon le physicien théoricien Lawrence M. Krauss qui siège au Bulletin of Atomic Scientists :
Pour aggraver les choses, les Etats-Unis ont maintenant un président qui a promis d’entraver les progrès sur ces deux fronts. Jamais auparavant le Bulletin n’a décidé d’avancer l’horloge en grande partie à cause des déclarations d’une seule personne. Mais quand cette personne est le nouveau président des États-Unis, ses mots sont importants.
Le conseil d’administration du Bulletin est particulièrement préoccupé par le langage que Trump et le président russe Vladimir Poutine ont utilisé pour parler du changement climatique, des armes nucléaires et de la notion de faits (“alternative facts”).
Toujours selon Lawrence Krauss :
C’est la première fois que les mots et les politiques d’une ou deux personnes placées en haute position ont influencé notre perception des menaces existentielles auxquelles nous pensons que le monde est confronté.
Si Trump et Poutine peuvent choisir d’agir ensemble au lieu de se comporter comme des “enfants irritables”, a déclaré Krauss, de telles menaces pourraient être neutralisées.
Si Trump poursuit son engagement de retirer les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, cela ralentirait les progrès du monde visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, ajoute Michael Oppenheimer.
La situation actuelle n’est pas la plus proche de minuit, mais Krauss a déclaré que les défis auxquels le monde est confronté aujourd’hui, comme les “fake news”, les prétendues fausses informations qui menacent de miner la démocratie, et les violations de la cybersécurité, sont sans précédent, avant de conclure :
L’avenir de l’horloge, et notre avenir, est entre vos mains.
Sur le site du Bulletin of Atomic Scientists : It is two and a half minutes to midnight (PDF).