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Paektu, le super-volcan nord-coréen qui super-inquiète le monde

Publié par Le Nouveau Paradigme sur 19 Décembre 2016, 08:49am

Catégories : #Changements terrestres

La dernière éruption du volcan, il y a plus de mille ans, était l'une des plus violentes de l'histoire de l'humanité. Alors qu'il a montré des signes de réveil il y a 10 ans, les scientifiques s'inquiètent des essais nucléaires menés à proximité par le régime nord-coréen.

Photo du leader nord-coréen Kim Jong Un, au sommet du mont Paektu, le 18 avril 2015.

© REUTERS/KCNA Photo du leader nord-coréen Kim Jong Un, au sommet du mont Paektu, le 18 avril 2015.

Aujourd'hui, le mont Paektu, également appelé volcan Tête blanche, est endormi. Mais la dernière fois qu'il s'est réveillé, il y a mille ans, il a craché l'une des plus violentes éruptions que l'humanité a connue. Forcément, quand les scientifiques nord-coréens ont enregistré une série de petits tremblements de Terre sous le volcan entre 2002 et 2005, ils ont paniqué. Suffisamment pour appeler à l'aide la communauté internationale.

Après quelques années de tractations et de négociations, une équipe de vulcanologues et de géophysiciens américano-britanniques s'est rendue sur place, à la frontière entre la Chine et la Corée du Nord. Équipés de leur matériel high-tech -sismographes etc.- et en collaboration avec les scientifiques locaux, ils ont commencé à surveiller de près l'inquiétant -et magnifique- Paektu.

 

Mais en dépit de la peur du réveil du géant, cette collaboration internationale, dans ce pays si fermé, n'a pas été facile. Selon le New York Times, elle a été également motivée par l'aspect "culturel" du Mont Paektu. Car pour les Coréens [du nord comme du sud], ce volcan est un lieu quasi sacré.

"Allons au mont Paektu"

Selon la légende, c'est sur les flancs du volcan que le premier Coréen serait né. C'est surtout là que Kim Il Sung, le fondateur de la Corée du Nord, s'est battu contre l'envahisseur japonais dans les années 1930 à 1945. Et encore là qu'il aurait donné naissance, selon la propagande officielle, à son fils Kim Jong-il, feu le père de l'actuel Grand Leader Kim Jong-un.

Aujourd'hui, le volcan Tête blanche est omniprésent en Corée du Nord. Il est sur les affiches du régime, les militaires et les étudiants lui dédient des chants, des pèlerinages y sont organisés. Même les élèves de maternelles chantent "Allons au mont Paektu".

 

 

Quoi qu'il en soit, malgré quelques difficultés -écarts de connaissances entre les scientifiques occidentaux et coréens, déplacements surveillés-, les chercheurs ont travaillé main dans la main et ont publié deux études.

La première, publiée le 15 avril 2016 dans la revue Science Advances, a établi l'existence d'une "zone de fusion partielle sous la croûte terrestre du volcan", indiquait James O.S. Hammond, de l'institut Birkbeck de l'université de Londres, l'un des auteurs de l'étude. "Ce qui ne signifie pas qu'une éruption soit imminente. Le volcan est calme pour l'instant, rassurait-il, tout en précisant que ces résultats n'étaient qu'un premier pas."

De quoi refroidir les températures de la planète pendant 1 an

La deuxième étude, publiée le 30 novembre toujours dans la revue Science Advances, est nettement moins rassurante. Car selon l'équipe internationale, la dernière éruption de Paektu, en 946, était "encore plus importante" qu'attendue et a donc été rebaptisée "l'éruption du millénaire". L'explosion a propulsé 45 mégatonnes de dioxyde de soufre dans l'atmosphère, indiquent les chercheurs. Un gaz qui peut réfléchir les rayons du soleil et engendrer une chute brutale des températures de la planète.

À titre de comparaison, l'éruption du Tambora, en 1815 en Indonésie, avait relâché environ 28 mégatonnes du même gaz. Ce qui avait provoqué, en 1816, "l'année sans été", connue pour ses famines meurtrières, l'explosion du prix des céréales -notamment en France- ou encore ses tempêtes de neige en plein mois de juin à New York.

Suffisant pour convaincre Kim Jung-un d'arrêter les essais nucléaires?

Une nouvelle super éruption de Paektu entraînerait-elle alors un chaos comparable? "Ce n'est pas assuré, mais le volcan en a le potentiel, estime Kayla Iacovino, vulcanologue de l'Arizona State University et principale auteure de la seconde étude. L'éruption de 946 était en tout cas l'une de celle qui a émis le plus de gaz dans l'histoire de l'humanité, ajoute l'expert. D'où la nécessité de "continuellement surveiller le volcan" à partir de maintenant."

Reste un problème. Et pas des moindres: les essais nucléaires de l'armée nord-coréenne qui se déroulent... À Punggye-ri, à seulement 120 km environ du mont Paektu. Or selon une étude de sismologues sud-coréens, publiée dans Nature en février 2016, les secousses souterraines provoquées par ces explosions atomiques pourraient "déstabiliser la chambre magmatique du volcan et déclencher une éruption".

Un avertissement que le régime de Pyonyang a manifestement décidé d'ignorer, puisque le dernier essai nucléaire, dont l'explosion était presque aussi puissante que la bombe d'Hiroshima, a eu lieu le 9 septembre 2016. Ne reste plus qu'à espérer que Kim Jung-un écoutera ses propres scientifiques.

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