Ceux qui se sont déjà rendus au site d’Uluru, en Australie, comprendront que le phénomène est exceptionnel. Uluru, aussi appelé Ayers Rock, est situé en plein centre du pays. C’est ce grand rocher rouge de 348 mètres (plus haut que la Tour Eiffel) que vous avez peut-être déjà aperçu en photographie ou dans les publicités de l’office de tourisme australien. C’est l’un des symboles forts du pays, avec l’opéra de Sydney, et l’un des monolithes les plus célèbres du monde. 400 000 touristes y défilent chaque année.

 

Uluru, habituellement. (Photo : Wikimédia)

 

Là-bas, c’est le désert. Mieux vaut-il avoir fait le plein d’essence au préalable. Le thermomètre affiche 37 °C à l’ombre. L’air est irrespirable, la chaleur étouffante et la terre rouge et aride. Ce n’est pas un hasard si 90 % des Australiens vivent dans des villes situées près des côtes, car l’intérieur du pays est hostile, sec et nappé de cette poudre rouge.

Seulement 330 mm de précipitations y tombent chaque année. Les programmes d’irrigation ne réussissent pas à vaincre la sécheresse. Alors qui aurait pu imaginer que des pluies torrentielles s'abattraient ici ?

Des pluies diluviennes

C’est pourtant ce qui est arrivé dans la nuit du 24 au 25 décembre dernier. Une violente tempête s’est abattue sur la totalité du parc national d’Uluru. Le légendaire rocher, lieu sacré des peuples aborigènes, est passé du rouge au gris.

Un épais nuage de brouillard blanc s’est mis à le surplomber. « Une formation nuageuse dense, un plafond très bas, à seulement 200 ou 300 mètres du sol », détaille Emmanuel Demael, prévisionniste à Météo France. Une pluie très abondante et très marquée s’est ensuite mise à tomber « en continu sur trois jours ».

 

(Photo : Bianca Jim Hewes/Twitter)

 

« En moins de 24 heures, les précipitations ont atteint pas moins de 232 millimètres à cet endroit, précise Emmanuel Demael. C’est une valeur record ! » Résultat : Uluru s’est transformé en cascade !

L’eau dévalle le long du monstre géologique, ruisselle sur ses pentes rocheuses. Le désert s'est mué en d'immenses mares. Invraisemblable et pourtant véridique.

Un phénomène exceptionnel

Le fait est exceptionnel, d’une extrême rareté. « Le phénomène se produit environ deux fois en cent ans. Sa durée de retour est de cinquante ans », annonce-t-il. Comment peut-il se développer dans une région aussi aride que celle-ci ?

« Une dépression tropicale (la phase zéro d’un cyclone) s’est formée au Nord-Ouest de l’Australie, explique le prévisionniste. Elle a été renforcée par un flux de mousson (circulation atmosphérique humide qui engendre des pluies, très fréquente en ce moment dans le nord du pays) qui a descendu sa route vers le sud, ce qui est totalement inhabituel. Les restes du cyclone Yvette (qui a circulé du 19 au 23 décembre sur le nord-ouest du pays) ont également eu une incidence sur son développement. »

 

(Photo : DR)

 

Six personnes portées disparues

Le parc d’Uluru, fermé pendant trois jours, vient de rouvrir. « Même si les averses sont encore nombreuses, l’activité devient plus classique, les pluies observées sont bien plus faibles que celles de ces derniers jours », note Emmanuel Demael.

Deux voitures – transportant au total de six personnes – ont disparu. L’enquête est ralentie par les routes inondées et donc impraticables. Des recherches aériennes ont démarré mardi après-midi.