Près de 2 000 personnes ont été évacuées lundi 6 juin du campement de fortune des jardins d’Eole, dans le 18e arrondissement de Paris.
Près de 2000 personnes ont été évacuées lundi 6juin du campement de fortune des jardins d’Eole, dans le 18e arrondissement de Paris. Des migrants notamment afghans, soudanais, somaliens ou encore érythréens y dormaient depuis la reconstitution du camp, environ un mois plus tôt. Cette décision a été précipitée par la découverte de quatre cas de tuberculose sur les lieux, selon la préfecture.
Plusieurs figures d’extrême droite se sont rapidement indignées de cette information. L’avocat Gilles-William Goldnadel estime par exemple que cette information a été «cachée» par les médias (ce qui, comme l’a montré arretsurimages.net, est très exagéré).
D’autres avancent le spectre de ce qui constituerait une véritable menace d’épidémie liée à l’immigration, selon eux:
POURQUOI C’EST EXAGÉRÉ
La tuberculose est responsable d’environ 1,5 million de morts chaque année, selon l’organisation mondiale de la santé (OMS). «C’est l’une des grandes maladies mondiales, mais sa distribution dans le monde est hétérogène», explique Jean-Paul Guthmann, épidémiologiste à Santé publique France, responsable du programme tuberculose.
«En 2014, 58% des nouveaux cas diagnostiqués se situaient en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique Ouest, tandis que 28% se situaient en Afrique. L’Union européenne est beaucoup moins touchée, avec 58000 cas», soit moins de 4% des nouveaux cas.
Contrairement à certaines idées reçues, cette maladie reste un problème de santé publique en France, rappelle l’épidémiologiste. «Elle n’a jamais complètement disparu, mais la tendance est à la baisse année après année. On est passé de 5578 cas en 2004 à 4827 cas en 2014.» Selon lui, cette tendance ne s’est pas inversée en 2015.
La persistance de la tuberculose en France, même à un niveau relativement faible, fait que le vaccin est toujours recommandé par les autorités, à défaut d’être obligatoire.
Très contagieuse, la maladie a la particularité de pouvoir se déclarer des années après la contamination par le bacille tuberculeux. 60% des nouveaux cas recensés en France concernent des personnes nées à l’étranger. Ces personnes «ne sont pas forcément arrivées malades. Ce sont les conditions de la précarité qui précipitent le déclenchement», explique au Figaro Jeanine Rochefort, déléguée Ile-de-France de Médecins du monde. D’une manière générale, de moins bonnes conditions socio-économiques favorisent l’apparition de la maladie, confirme Jean-Paul Guthmann.
Dans tous les cas, présenter une poignée de cas dans un camp de réfugiés à Paris comme une menace imminente paraît disproportionné, dans un contexte où la tuberculose recule sur le plan national.