Syctom, qui gère les usines bloquées de traitement de déchets, a détourné ses collectes dans d'autres centres afin d'éviter un amoncellement d'ordures. Mais depuis deux jours, la neutralisation des garages de camions-bennes empêche ces derniers de se vider ou de sortir pour récupérer les poubelles.
À trois jours du coup d'envoi de l'Euro de football, tous les regards ne sont pas uniquement braqués sur la SNCF qui paralyse le pays depuis la semaine dernière. Les poubelles qui débordent et s'accumulent dans certains arrondissements de Paris ne sont pas passées inaperçues.
«Depuis plusieurs jours, en raison d'un mouvement social national, la collecte des déchets est perturbée sur le territoire parisien, notamment sur les 2e, 5e, 6e, 8e, 9e, 12e, 14e, 16e, 17e et 20e arrondissements», confirme la Mairie de Paris.
En effet, ce sont les services municipaux, en partie en grève, qui assurent habituellement la collecte dans ces arrondissement. Pour le reste de Paris, les entreprises privées s'en occupent.
Concrètement, «trois des six garages de camions-bennes de la Ville de Paris, Ivry-Bruneseau, Ivry-Victor Hugo et Romainville, sont bloqués par des chauffeurs grévistes ce mardi. Hier, lundi, c'étaient les éboueurs qui neutralisaient ces sites», précise au FigaroBaptiste Talbot, secrétaire général de la CGT Services publics à l'origine de l'appel «à engager partout sur le territoire des actions visant à paralyser la collecte et le traitement des déchets». Pas étonnant alors de voir pousser des poubelles pleines un peu partout dans la capitale. En effet, non seulement les camions pleins qui terminent leur tournée ne peuvent plus se vider mais ceux qui s'apprêtaient à partir sont bloqués.
Syctom hors de cause
Rien à voir, donc, avec le blocage du site d'Ivry-Paris 13, première usine d'Ile-de-France de traitement des déchets et ordures ménagères qui entre dans sa deuxième semaine d'occupation? Ni avec celui des centres de traitement de déchets de Saint-Ouen et Issy-les-Moulineaux paralysés quelques jours la semaine dernière ainsi que lundi 6 juin, pour Saint-Ouen? Ces centres qui sont aussi des incinérateurs permettent pourtant de diminuer les stocks de déchets.
Et bien non! «Syctom n'est pas à l'origine de l'irruption de poubelles pleines dans Paris, tient à préciser Patrice Furé, le directeur de cabinet du président du Syctom (auquel appartiennent les centres de traitement de déchets NDLR). Nous avons détourné les camions sur Romanville, sur Créteil ou même en Seine-et-Marne pour éviter d'interrompre la collecte. Nous sommes parvenus à trouver une solution pour chacun des territoires de collecte». Et quand les sites provisoires d'accueil des collectes parisiennes sont plein, Syctom procède à l'enfouissement.
Galère en province aussi
Paris n'est pas un cas à part. En province, à Saint-Étienne, les syndicats des agents territoriaux de la ville et de son agglomération poursuivaient aussi leur action pour la septième journée consécutive, empêchant la collecte et le traitement des déchets sur une large partie de l'agglomération, rapporte la CGT.
Mais dans cette ville hôte de l'Euro-2016 qui accueillera dans son mythique «chaudron» Geoffroy-Guichard quatre matches de la compétition du 14 au 25 juin, les événements prennent une autre tournure. «Il y a un risque sanitaire que je ne peux pas accepter», lance le maire de la ville, Gaël Perdrieu (LR) souhaitant «que Saint-Etienne présente sa meilleure image aux yeux du monde».
À Istres (Bouches-du-Rhône), un garage à bennes intercommunal était également bloqué, ce mardi, dans le cadre d'une action d'agents territoriaux, selon la CGT.
Enfin, en Ariège, deux centres de traitement restaient bloqués, dont le plus important, qui traite 80% des déchets du département dans le cadre d'une action unitaire engagée par l'Union Départementale et les syndicats des territoriaux.