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Pour les prud'hommes, traiter un coiffeur de «PD» n'est pas homophobe

Publié par Le Nouveau Paradigme sur 8 Avril 2016, 15:05pm

Catégories : #Société

Pas de doute : la dernière décision du conseil des prud'hommes de Paris va tout changer ! https://www.facebook.com/NawakIllustrations/

Pas de doute : la dernière décision du conseil des prud'hommes de Paris va tout changer ! https://www.facebook.com/NawakIllustrations/

La ministre du Travail  Myriam El Khomri lors des questions au gouvernement le 6 avril 2016 à l'Assemblée nationale à Paris
La ministre du Travail Myriam El Khomri lors des questions au gouvernement le 6 avril 2016 à l'Assemblée nationale à Paris Photo PATRICK KOVARIK. AFP

L'employeur a été condamné à 5 000 euros au titre du préjudice moral, mais le tribunal a totalement écarté la discrimination homophobe, provoquant l'indignation des associations LGBT.

Le jugement scandalise les internautes, la ministre du Travail ou le défenseur des droits. Le conseil des prud’hommes de Paris a débouté en décembre dernier un coiffeur, traité de «PD» par sa patronne, considérant que le terme n’est pas homophobe car «il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles».

L’affaire a commencé en octobre 2014 par un SMS reçu par le jeune homme, employé en période d’essai dans un salon de coiffure parisien. Envoyé par erreur par sa manager, le texto disait : «Je ne garde pas [l’employé], je le préviens demain, on fera avec des itinérants en attendant, je ne le sens pas ce mec : c’est un PD, ils font tous des coups de putes», selon les faits rapportés par le jugement du 16 décembre 2015. Le lendemain, le jeune homme se présentait sur son lieu de travail et ses responsables lui signifiaient la rupture de sa période d’essai.

S’estimant victime de discrimination liée à son orientation sexuelle et très affecté psychologiquement, il attaquait son employeur devant les prud’hommes, soutenu par le Défenseur des droits, qui estimait qu’il y avait bien eu discrimination.

Le salon de coiffure faisait valoir pour sa part que l’employé «travaillait lentement», avait des «difficultés d’intégration» et «qu’il refusait d’exécuter certaines tâches mais prétendait accéder rapidement à un poste de manager». Tout en reconnaissant «le caractère et la teneur inappropriés du SMS», l’employeur estimait que le terme de «PD» «n’est qu’un simple abus de langage et que ce terme est entré dans le langage courant et qu’il n’a aucun sens péjoratif ou homophobe dans l’esprit de la manager».

«L’employeur n’a pas fait preuve de discrimination»

Dans sa décision, le conseil des prud’hommes a repris les arguments de l’employeur en se justifiant ainsi : «En se plaçant dans le contexte du milieu de la coiffure, le Conseil considère que le terme de «PD» employé par la manager ne peut être reconnu comme propos homophobe car il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles notamment dans les salons de coiffure féminins, sans que cela ne pose de problèmes.» Le conseil considère que «l’employeur n’a pas fait preuve de discrimination (...) mais que ce sont des propos injurieux qui ont été prononcés». Il a accordé à l’employé 5 000 euros au titre du préjudice moral.

«Le défenseur des droits est extrêmement choqué», rapporte Slimane Laoufi, chef du pôle emploi privé auprès du défenseur des droits. D’un ton ferme, il insiste : «Cette décision se fonde sur un préjugé qui n’a aucun fondement juridique !» «Comment peut-on écrire une telle chose dans une déclaration de justice. C’est une décision sans précédent. J’ai beau chercher, je n’ai rien trouvé de semblable. Je ne comprends pas comment dans une décision de justice, on peut en référer à des stéréotypes et des préjugés.»

Un jugement «scandaleux» et «choquant»

Le jugement, présenté aux associations LGBT par le Défenseur des droits jeudi a été immédiatement relayée sur les réseaux sociaux par ces dernières, scandalisées. «Le jeune homme a fait appel et le Défenseur des droits reprendra une décision d’observation devant la cour d’appel en n’oubliant pas de faire des commentaires sur le libellé du jugement», poursuit Slimane Laoufi. 

Interviewée sur RTL, la ministre du Travail Myriam El Khomri a qualifié de «scandaleux» et «choquant» ce jugement des prud’hommes. «Doublement choqué» par cette affaire, l’employé n’a pour l’instant pas souhaiter témoigner publiquement. Par communiqué de presse, son avocat précise qu'il «garde confiance en la justice» et demeure «extrêmement sensible aux messages de soutien et d'encouragement reçus».

 

Cyril Castelliti avec AFP

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K
Certains ont une indignation à géométrie variable. Les homos eux mêmes entre eux se traitent de pd sans se coller des procès, par contre quand un hétéro le leur dit, là c'est forcément dégradant et sale.<br /> Bref, même les homos ne sont pas épargnés par la connerie...
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T
Donc si ledit coiffeur traite les membres des prud'hommes d'abrutis, il ne s'agira pas d'une insulte mais d'un pléonasme.
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