Bien qu’ils soient riches en cholestérol, on peut manger des œufs sans crainte. Ils ont même certains bénéfices sur la santé.
Les œufs sont une source importante de cholestérol, mais aussi de protéines. Pour les ovo-lacto-végétariens (mais non les végétaliens), ils peuvent représenter une source intéressante de protéines. Mais les oeufs sont-ils dangereux pour le coeur en raison de leur contenu en cholestérol ?
Une méta-analyse d'études sur le sujet, publiée en 2013, n'a pas trouvé que les personnes en bonne santé qui consomment des oeufs voire beaucoup d'oeufs, ont un risque plus élevé d'infarctus ou d'accident vasculaire cérébral. Cette analyse trouve malgré tout un risque de maladie coronarienne plus élevé chez les diabétiques qui doit faire l'objet de confirmations.
Dans une étude récente de l’université de l’Est de la Finlande parue dans American Journal of Clinical Nutrition (1), les habitudes alimentaires de 1.032 hommes âgés de 42 à 60 ans ont été évaluées dans le cadre de la Kuopio Ischemic Heart Disease Risk Factor Study (KIHD). 32,5 % des participants avaient l’allèle APOE4 (apolipoprotéine E de type 4). L’allèle APOE4, qui est héréditaire, affecte le métabolisme du cholestérol ; il est courant dans la population finlandaise, puisqu’environ un tiers le porterait. Chez les personnes qui portent l’allèle APOE4, les effets du cholestérol alimentaire sur les niveaux de cholestérol sanguin sont plus importants.
Pendant le suivi qui a duré 21 ans, 230 hommes ont eu un infarctus du myocarde. L’étude a trouvé que des apports élevés en cholestérol alimentaire n’étaient pas associés au risque cardiaque, y compris chez les patients APOE4. De plus, la consommation d’œufs, qui est une source importante de cholestérol alimentaire, n’était pas associée au risque coronaire cardiaque. L’étude n’a pas établi de lien entre le cholestérol alimentaire ou la consommation d’œufs et l’épaisseur des parois de l’artère carotide.
Ces résultats suggèrent qu’un régime riche en cholestérol avec une consommation fréquente d’œufs n’augmente pas le risque cardiovasculaire, même chez les personnes prédisposées génétiquement. Globalement, le cholestérol alimentaire affecte peu les niveaux de cholestérol dans le sang et peu d’études ont lié les apports en cholestérol alimentaires et un risque élevé de maladie cardiovasculaire. Beaucoup de recommandations alimentaires n’énoncent aucune restriction concernant l’apport en cholestérol alimentaire. A noter cependant que certains auteurs pensent que la lécithine du jaune d'oeuf conduit à la synthèse d'un composé athérogène, l’oxyde de triméthylamine ou TMAO récemment mis en cause dans le risque cardiovasculaire. Mais cette mise en cause n'est pas avérée à ce jour.
De nombreuses personnes se voient prescrire des médicaments anti-cholestérol (les statines) pour limiter leur risque cardio-vasculaire. Ces médicaments font polémique en raison de leurs risques pour la santé.
Dans le blanc, une molécule contre l’hypertension
Un constituant naturel de l’œuf, le RVPSL, peut faire expérimentalement autant baisser la pression artérielle que le captopril, un médicament anti-hypertenseur. Ce constituant agit, comme le médicament, en inhibant une enzyme appelée enzyme de conversion ce qui bloque la production d’angiotensine - un vasoconstricteur. C’est ainsi que la pression artérielle diminue.
Cette découverte a été faite par l’équipe du Dr Zhipeng Yu, à l’université de Jilin (Chine) en collaboration avec des chercheurs américains de Clemson University (Caroline du Sud) et présentée le 9 avril 2013 lors de la réunion de l’American Chemical Society (ACS) à La Nouvelle-Orléans (2).
Le RVPSL de l’œuf est un peptide contenu dans le blanc d’œuf. Administré à des rats qui développent spontanément une hypertension, il a fait baisser leur pression artérielle sans effets indésirables. Selon le Dr Yu, les peptides du blanc d’œuf, absorbés naturellement avec l’œuf ou par la prise de suppléments pourraient être utilisés dans le traitement de l’hypertension
Un article du magazine Food Technology (3) propose des aliments ou nutriments à privilégier pour éviter les fringales et arriver à satiété. L'article justifie ces recommandations en citant des études scientifiques à l’appui. Parmi ces aliments se trouvent les œufs, en raison de leur richesse en protéines.
Concernant l’importance des protéines pour limiter les fringales, l’article cite une étude sur 20 filles qui a comparé un petit déjeuner à base de céréales (13 g de protéines), avec un petit- déjeuner avec des œufs et du bœuf (35 g de protéines) et l’absence de petit-déjeuner sur 6 jours. Les résultats montrent que l’ajout de protéines au petit déjeuner améliore la satiété (4).
En-dehors de la viande, l’œuf est un des aliments les plus denses en protéines. Il a été montré que manger un œuf au petit-déjeuner aide à réduire la faim entre les repas (5).
Sources
(1) Virtanen JK, Mursu J, Virtanen HE, Fogelholm M, Salonen JT, Koskinen TT, Voutilainen S, Tuomainen TP. Associations of egg and cholesterol intakes with carotid intima-media thickness and risk of incident coronary artery disease according to apolipoprotein E phenotype in men: the Kuopio Ischaemic Heart Disease Risk Factor Study. Am J Clin Nutr. 2016 Feb 10. pii: ajcn122317.
(2) New evidence that egg white protein may help high blood pressure. ACS. 9/04/2013.
(3) Linda Milo Ohr. Combating Hunger Pains. Food Technology, October 2014, Volume 68, No.10
(4) Leidy, H.J., Ortinau, L.C., Douglas, S.M., and Hoertel, H.A. 2013. Beneficial effects of a higher-protein breakfast on the appetitive, hormonal, and neural signals controlling energy intake regulation in overweight/obese, “breakfast-skipping,” late-adolescent girls. Am. J. Clin. Nutr. 97(4): 677-688.
(5) Vander Wal, J.S., Marth, J.M., Khosla, P., Jen, K.L., and Dhurandhar, N.V. 2005. Short-term effect of eggs on satiety in overweight and obese subjects. J. Am. Coll. Nutr. 24(6): 510-515.