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New Horizons : sur Pluton, d'étranges croix et une terre viking

Publié par Le Nouveau Paradigme sur 11 Janvier 2016, 13:00pm

Catégories : #Espace

Juste avant Noël, l’équipe de New Horizons a reçu une mosaïque d’images en très haute résolution de la région de Spoutnik, la moitié gauche du « cœur » de Pluton. Leur étude indique qu’un processus de convection est à l’origine des grandes cellules de glace d’azote. La sublimation entraîne la formation de puits et on y observe aussi des icebergs de glace d’eau emprisonnés. D’autres images nous dévoilent des détails de la région nommée Viking Terra, la terre viking.

Xavier Demeersman, Futura-Sciences

À gauche, vue globale de Pluton réalisée par New Horizons, le 14 juillet 2015 et à droite (encart jaune), agrandissement de la région Viking Terra, la terre viking. © Nasa, JHUAPL, SwRIÀ gauche, vue globale de Pluton réalisée par New Horizons, le 14 juillet 2015 et à droite (encart jaune), agrandissement de la région Viking Terra, la terre viking. © Nasa, JHUAPL, SwRI

Le survol inédit de Pluton restera sans aucun doute comme l’un des moments les plus forts et heureux de 2015. Pour la première fois, le monde entier découvrait le vrai visage de l’ex-neuvième planète du Système solaire, celui de son compagnon deux fois plus petit, Charon, et de leurs minuscules satellites.

Depuis cette visite furtive et historique du 14 juillet, jusqu’à 12.500 kilomètres de la surface de la planète naine, les images et mesures prises par New Horizons arrivent au compte-gouttes. Les scientifiques de la mission recomposent ainsi l’astre distant de près de 5 milliards de kilomètres par petites touches, cherchant bien sûr à comprendre la diversité de ses structures et les processus qui modèlent ce monde de 2.370 kilomètres de diamètre où la température ne dépasse pas - 230 °C.

Extrait de la mosaïque d’images de la plaine de Spoutnik réalisée le 14 juillet 2015 avec le télescope Lorri de New Horizons, à 17.000 km de Pluton. Les multiples points noirs sont des puits exhalant l’azote par sublimation. Les lignes bordent des cellules bombées en leur centre. La glace d’azote un peu plus chaude venue des profondeurs remonte doucement vers la surface puis replonge par ses bords. Les lignes de jonction se croisent et parfois s’estompent, créant des figures en forme de X ou de croix. Voir l’image complète couvrant 700 x 80 km ici. © Nasa, JHUAPL, SwRI

 

Une étonnante mer de glace

La veille de Noël, l’équipe scientifique a reçu une mosaïque d’images couvrant une partie de la plaine Spoutnik – la moitié gauche du grand cœur de la planète naine – dans une bande de 700 sur 80 kilomètres. Prise avec le télescope Lorri (Long Range Reconnaissance Imager) de New Horizons à quelque 17.000 kilomètres d’altitude, l’image atteint une résolution de 77 à 85 mètres par pixel, soit six fois supérieure à celle de la carte globale de Pluton réalisée auparavant par la sonde spatiale et cinq fois meilleure que celles de son cousin, le satellite de Neptune, Triton, photographié par la mission Voyager 2 en 1989.

Sur cette vue, on découvre des détails de la taille d’un pâté de maisons. Entre autres, des blocs plus sombres de glace qui surnagent dans cette vaste mer de glace essentiellement composée d’azote. À certains égards, cette surface ressemble à une peau, arborant des cellules de tailles variables (de 16 à 40 km) qui semblent respirer par des pores, en l’occurrence une multitude de puits. Pour les chercheurs, ils sont créés par la sublimation.

Loin d’être lisse, cette étendue témoigne de l’activité régulière qui transforme la surface. Chaque cellule est en réalité bombée avec un centre plus élevé d’une centaine de mètres que ses contours. Pour les géophysiciens de la mission, elles sont la manifestation visible de la glace d’azote qui remonte depuis les entrailles un peu plus chaudes, dans un processus de convection comparable à celui qui anime les amusantes lampes à lave (ces lampes décoratives dans lesquelles évoluent des boules de cire fondue). À la différence toutefois que cela prend des millions d’années, comme le suggèrent les modèles. Une fois refroidie, la glace visqueuse replonge ensuite doucement, par ses bords, dans les « mondes souterrains » (Pluton était le dieu romain des Enfers et des Mondes souterrains). Certaines jonctions s’estompent, laissant un peu partout des lignes croisées en forme de X.

Enfin, les morceaux plus sombres sont supposés être des icebergs de glace d’eau. L’apparence de plus en plus sale de la glace à mesure qu’on approche du « rivage » est sans doute liée à la rencontre avec d’autres matériaux.

 

Vue de la région Viking Terra, la terre viking, combinant les images prises avec Lorri et Ralph/MVIC, le 14 juillet 2015, respectivement à 49.000 et 34.000 km de la surface. © Nasa, JHUAPL, SwRI

 

La terre viking de Pluton

Au-delà de cette mer de glace, plus à l'est, changement de décor. Sur l’image mosaïque ci-dessus, combinant les vues de New Horizons prises avec Lorri à 49.000 km et celles réalisées avec l’instrument Ralph/MVIC (Multispectral Visible Imaging Camera), 20 minutes plus tard, à 34.000 km, on découvre les reliefs de la région officieusement nommée Viking Terra. Emplis de glace de méthane, les cratères d’impact témoignent de terrains plus anciens.

La couleur rouille, rouge-brun, indique, quant à elle, la présence de tholins, une sorte de suie créée dans l’atmosphère de la planète naine à partir d’azote et de méthane. La région en est plus ou moins saupoudrée. Des accumulations plus importantes sont visibles dans certaines cavités mais pas partout. Pour l’équipe, la substance a pu être transportée par des coulées de glace sous-jacente ou par le vent.

 

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