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A Paris et à Lille, les quais des Thalys équipés de portiques de sécurité

Publié par Le Nouveau Paradigme sur 19 Décembre 2015, 19:18pm

Catégories : #Nouvel ordre mondial

 

L'un des quais de la gare du Nord, à Paris, où arrivent les Thalys, jeudi 17 décembre.

 

Ils sont désormais en place. Bien vissés et en évidence à l’avant des quais 7-8 et 9-10 de la gare du Nord, à Paris. A partir de dimanche 20 décembre, ces portiques de sécurité permettront de filtrer l’ensemble des voyageurs empruntant le Thalys vers le nord de l’Europe à partir de cette gare, mais également de la gare Lille-Europe, dans la capitale du Nord.

 

 

Ségolène Royal, la ministre du développement durable, s’est d’ailleurs rendue gare du Nord jeudi 17 décembre au matin pour les inspecter. Quatre portiques sont installés sur chaque quai, accompagnés de quatre caissons scanner afin de vérifier le contenu des sacs et bagages. Quelques marquages au sol complètent l’installation. « Entre Paris et Lille, c’est une centaine de personnes qui travailleront pour faire fonctionner ces portiques », indique Patrick Ropert, le directeur de Gares et connexions. Jusqu’à 700 personnes devront passer via ces portiques pour accéder à leur train. Chaque jour, Thalys fait partir 25 trains de Paris.

Lire aussi : Portiques, brigades canines : les futures mesures dans les transports

Pour pouvoir emprunter un Thalys, il faudra désormais arriver avec vingt à trente minutes d’avance, soit presque autant que pour l’Eurostar, dont le filtrage est installé au premier étage de la gare. En revanche, le passage du portique devrait être rapide. Il ne faudra pas vider ses poches ou sortir son ordinateur ou les liquides que l’on transporte, comme dans un aéroport. « Les portiques et les scanners sont prévus pour identifier des explosifs et des armes », indique-t-on à la SNCF. Quand on traverse les portiques avec des caméras ou des micros, ces équipements sifflent cependant à n’en plus finir…

 

Pas de contrôle à l’autre bout de la ligne

 

Quatre mois après l’attaque à la kalachnikov au sein d’un Thalys reliant Bruxelles à Paris, Ségolène Royal voulait marquer le coup et rassurer. Pour la ministre, le déploiement de ces portiques en si peu de temps est une prouesse. « Preuve que la SNCF a bien fait son travail », dit-elle.

Elle a surtout bénéficié de la COP21, pour laquelle ont été utilisés ces équipements afin de filtrer les milliers de personnes se pressant au Bourget. « A la COP21, ils ont fait merveille. Le passage était fluide, explique la ministre.Et comme ce sont en plus des produits fabriqués en France, les réutiliser dans les gares, cela a du sens. »

Problème, si la France a installé ces portiques, à l’autre bout de la ligne de Thalys, aucun contrôle systématique des voyageurs n’est pour l’instant prévu. « Nous discutons avec nos collègues belges, néerlandais et allemands, convient Ségolène Royal. Ils ont été peut-être surpris par la vitesse de déploiement de ces portiques. Aujourd’hui, il faut qu’ils s’y mettent… Nous allons d’ailleurs les inviter en janvier pour leur montrer le système. »

Pour l’instant, indique un observateur, si la Belgique semble prête à se laisser convaincre d’installer des portiques, les Pays-Bas s’interrogent, et l’Allemagne y est hostile. Outre-Rhin, aucun quai n’est dédié au Thalys, contrairement à Paris. « Mon homologue allemand m’a assuré qu’il allait renforcer les contrôles aléatoires dans les trains, c’est un pas dans la bonne direction », commente Ségolène Royal.

 

5,5 millions d’euros pour Lille et Paris

 

Au-delà du volontarisme politique de la ministre, le problème du déploiement des portiques à moyen terme sera son coût. Pour équiper un quai, la SNCF doit investir 2,5 millions entre la location du matériel et la gestion annuelle de l’opération. « Si elle a un coût, la sécurité n’a pas de prix, lance comme un slogan Ségolène Royal. C’est à la SNCF de redéployer ses moyens pour couvrir ces nouveaux frais. »

Entre Paris et Lille, seulement « 5,5 millions d’euros ont été engagés, indique Guillaume Pepy, le patron de la SNCF, c’est tout à fait faisable pour une entreprise publique de la taille de la SNCF. » La compagnie nationale investit déjà chaque année 400 millions d’euros dans la sécurité. Mais Ségolène Royal ne veut pas en rester là : « Nous allons expérimenter ce dispositif sur le Thalys puis, si c’est fluide, nous allons le développer sur les autres trains en France : les TGV, les trains d’équilibres du territoire [les Intercités], les trains de banlieues. Et si les régions le souhaitent, les TER… »

Là, l’équation économique apparaît tout de suite plus compliquée. Avec plus de 3 000 gares en France, et bien plus de quais à sécuriser, l’addition pourrait vite être bien plus salée. « Nous allons devoir le répercuter dans les péages de gare », assure d’ores et déjà Patrick Ropert. « Bref, au final, c’est le grand public qui paiera… Ce sera répercuté dans les billets », traduit un observateur.

 

Développer des systèmes moins invasifs

 

Si Ségolène Royal persiste, mettant relativement mal à l’aise la SNCF, la FNAUT, la principale fédération d’usagers de transports, appelle pour sa part à la prudence. Elle se dit opposée au « filtrage systématique des voyageurs à l’entrée des gares ou des quais ».

Pour la fédération, « le train doit rester un moyen de transport ouvert, une gare n’est pas un aéroport » : « Le filtrage ralentirait la circulation et l’embarquement des voyageurs et provoquerait des bousculades, en particulier lors des déplacements de la vie quotidienne (RER, Transilien, TER), les files d’attente avant filtrage seraient très exposées à d’éventuelles actions terroristes et le filtrage ne permettrait pas l’accompagnement des personnes âgées, handicapées, chargées de bagages ou voyageant avec des enfants en bas âge. »

C’est pour cette raison que la SNCF a lancé en interne une réflexion sur des dispositifs moins invasifs de sécurisation des gares, comme des systèmes de repérage de personnes au comportement suspect, en combinant vidéo-surveillance et analyse logicielle. De même, via des caméras thermiques, l’entreprise publique pense pouvoir repérer des individus suspects. « Pour l’instant, on travaille. Ce n’est pas encore l’heure de communiquer », assure Patrick Ropert.

Lire aussi : Sécuriser les trains contre les attentats, débat récurrent depuis le 11-Septembre

 


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