240 familles attaquent ce mardi en justice le laboratoire qui fabrique le Meningitec car leurs enfants ont reçu des lots défectueux. De quoi faire douter de la sécurité et de l'efficacité du vaccin contre la méningite?
C'est une nouvelle affaire qui s'inscrit dans un contexte de défiance des Français vis-à-vis des vaccins. 240 familles venues de toute la France assignent ce mardi le laboratoire CSP, le distributeur français du vaccin contre la méningite (Meningitec), car leurs enfants ont reçu des lots défectueux.
Que reproche-t-on à ce vaccin?
Les seringues contenaient des particules qui seraient des résidus de métaux lourds. Des analyses ont permis de détecter des concentrations de plomb, étain, silicium et aluminium dans les cheveux des personnes vaccinées, rapporte maître Ludot, avocat des familles. Ces dernières, dont de très nombreux enfants, souffriraient depuis de symptômes persistants (diarrhées aigües, nausées, irritabilité, fortes poussées de fièvre, troubles du sommeil, éruptions cutanées...).
L'Agence nationale de sécurité du médicament évoque un "défaut de qualité" qui a conduit à retirer les lots de la vente par précaution en septembre 2014. "Cette erreur de fabrication est évidemment regrettable mais ne perdons pas de vue qu'aucun accident grave n'a été signalé. Les patients ont soufferts d'effets secondaires habituels, peut- être un peu amplifiés", note François Vié Le Sage, pédiatre et expert d'Infovac, un réseau d'experts indépendants sur les vaccins.
Faut-il arrêter de se faire vacciner?
"Cette défaillance ne doit pas remettre en cause la vaccination, elle ne concernait qu'un lot, poursuit le Dr Vié Le Sage. Le risque zéro n'existe pas. Ce qui est important c'est le ratio bénéfice/risque qui est favorable à ce vaccin." En France, il n'est pas obligatoire, seul le DTP (diphtérie, tétanos et poliomyélite) l'est. Pour autant, il fait partie du calendrier vaccinal qui le recommande pour tous les nourrissons à l'âge de 12 mois. "Les formes les plus fréquentes et graves de méningites surviennent entre trois mois et trois ans. Mais il y a aussi un deuxième pic à l'adolescence, explique François Vié Le Sage. Or, les jeunes adultes peuvent être porteurs sans être malades pour autant et contaminer alors des sujets sensibles comme les enfants."
Pourquoi le vaccin est-il important?
En France, deux formes de ce type de méningite ont quasiment disparu grâce à la vaccination. Subsiste la méningite à méningocoques, qui touche environ 500 personnes par an. "Le problème c'est qu'elle peut commencer comme un syndrome grippal aigu est par conséquent être diagnostiquée un peu tard", rappelle le docteur Vié Le Sage.
Si c'est une maladie assez peu fréquente, elle peut conduire au décès dans les cas les plus graves et provoquer des séquelles importantes. "L'amputation est l'une des séquelles possibles d'une méningite bactérienne, comme une grave attaque de la peau, qui peut nécessiter des greffes, soulignait l'année dernière pour L'Express Hervé Haas, chef des urgences des hôpitaux pédiatriques CHU Lenval de Nice. En détruisant une partie du cerveau, la maladie peut également entraîner des difficultés à bouger et parler, des retards mentaux et de l'épilepsie."