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Additifs: vers la fin du secret alimentaire?

Publié par Le Nouveau Paradigme sur 25 Mai 2015, 15:33pm

Catégories : #Santé

 

Par Catherine Nivez

http://www.bilan.ch

Les consommateurs font pression sur les grands fabricants mondiaux pour revenir à des produits plus naturels.

Nutrition

C’est une industrie hautement technique et mondialisée, aussi secrète que l’était le secret bancaire. Mais aujourd’hui, après des décennies d’alimentation industrielle, la tendance s’inverse: les consommateurs en ont assez de manger artificiel, ils veulent plus de naturel dans leur assiette. «C’est le branle-bas de combat aux Etats-Unis», confirme Philippe*, chercheur dans un grand groupe agroalimentaire en Suisse.

«La liste des additifs alimentaires autorisés sur le marché américain fait peur, car il y en a beaucoup plus qu’ailleurs… Aujourd’hui, les consommateurs se réveillent et veulent savoir ce qu’ils mangent», ajoute ce spécialiste de la nutrition transformée.

Conséquence de cette prise de conscience, la vogue du «clean labels» se généralise: les ingrédients d’origine chimique (additifs, sels ajoutés…) sont éliminés et disparaissent des étiquettes au profit d’ingrédients d’origine naturelle. De plus, Nestlé va retirer en 2015 tous les arômes artificiels de ses confiseries sur les marchés européen et américain.

Sommes-nous allés trop loin dans les additifs alimentaires? «Oui», répondent clairement les nombreux opposants à l’industrie chimique, qui dénoncent des risques majeurs pour la santé (cancer, diabète, troubles du comportement…). Russell Blaylock, scientifique et figure de l’opposition américaine aux additifs, explique que «l’exposition moyenne des individus aux toxines a décuplé avec l’industrialisation de l’alimentation. Or, ces toxines, parmi lesquelles les métaux lourds ou les additifs alimentaires, fonctionnent en synergie et s’additionnent. Les conséquences sur l’organisme, et particulièrement sur le cerveau, sont gravissimes.» En France, le livre de l’activiste Corinne Gouget Additifs alimentaires, danger s’est écoulé à près de 200  000 exemplaires.

En face, les multinationales de l’agroalimentaire et les organismes internationaux (l’Organisation mondiale de la santé, l’Agence des Nations Unies pour l’alimentation) tiennent le discours inverse. A coup d’études scientifiques, ils recommandent les gouvernements pour autoriser tel ou tel additif alimentaire en mettant en avant son innocuité – scientifiquement prouvée – pour l’organisme humain.

Les additifs sont en effet inoffensifs à condition de ne pas dépasser les doses journalières admissibles et de respecter les bonnes pratiques de fabrication pour es fabricants. Le mille-feuille réglementaire des agences gouvernementales comme les multiples études scientifiques semblent pourtant bien impuissants à endiguer l’explosion des troubles du métabolisme qui caractérise notre époque (obésité, diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, cancer) tout comme l’épidémie d’allergies alimentaires. Des troubles directement liés à la malbouffe et à l’alimentation transformée.

Pour Yves Pouliot, docteur en nutrition à l’Université Laval du Canada, c’est le principe de précaution qui doit maintenant prévaloir: «Dans les faits, on en connaît très peu sur les interactions complexes entre les composés alimentaires, la muqueuse de l’intestin grêle et la flore microbienne du côlon… Ce manque de connaissances soulève un obstacle majeur à la compréhension de leurs mécanismes d’action.» Dans ce combat «science contre conscience», la balle est aujourd’hui au centre. Pour l’opinion publique, il est urgent d’attendre.

Revenir à une alimentation plus naturelle: «La tendance est générale et l’industrie est contrainte de la suivre, confirme Philippe. Mais l’impact économique pour les fabricants est considérable car un arôme naturel peut coûter jusqu’à 10  fois plus cher que son équivalent artificiel conçu en laboratoire. Cela freine les décisions…»

A la pression de l’opinion, s’ajoute aussi celle, moins visible, des distributeurs… La grande distribution impose à ses fournisseurs de recevoir des produits à 70 voire 80% de leur «vie restante». C’est le concept de «shelf life» (la durée de vie du produit en rayon) très courant dans l’alimentation. Si une confiserie a une durée de conservation de cinq  mois, elle devra donc être sur le rayon du supermarché au plus tard un  mois après sa fabrication pour respecter cette règle des «80% de vie restante».

Cette contrainte a une conséquence directe: les fabricants sont tentés d’ajouter des additifs pour se donner une plus grande marge de manœuvre et allonger la durée de vie de leur produit en rayon.

Les consommateurs font pression sur les grands fabricants mondiaux pour revenir à des produits plus naturels.

 

Ce que l’opinion demande d’un côté (plus de «naturel») est donc annulé par les impératifs économiques des fabricants et les exigences de la grande distribution.

Troisième contrainte: l’arsenal juridique. Début 2014, le Département fédéral de l’intérieur a totalement renouvelé l’ordonnance sur les additifs. En mai, pas moins de 30 ordonnances seront mises en consultation par l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires. Les acteurs concernés pourront s’exprimer avant la mise à jour complète de ces ordonnances. Enfin, la nouvelle loi sur les denrées alimentaires du 20 juin 2014 entrera en application en 2016.

 

Garantir la sécurité alimentaire

«L’alimentation est de plus en plus mondialisée et de plus en plus chimique. La présence d’antioxydants et autres agents conservateurs sont un «plus» du point de vue de la sécurité alimentaire», commente André Cominoli, chimiste cantonal adjoint au Service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV) du canton de Genève.

Autorité de contrôle et d’inspection des produits alimentaires, la SCAV prélève des produits mis en vente et les fait analyser en laboratoire. Pour cet organisme, il n’y
a pas de bon ou de mauvais additif, seulement des additifs autorisés ou interdits.

«Quand une denrée ne respecte pas les quantités autorisées sur les additifs, on peut faire retirer l’aliment de la vente. On peut aussi faire modifier son étiquette.» Mais tous les cas de fraude comme les décisions restent uniquement connus du chimiste cantonal et de l’exploitant alimentaire; l’information n’est pas livrée au grand public. «La loi nous impose le silence», commente André Cominoli. Ainsi, la sécurité alimentaire est une affaire secrète pour les principaux intéressés: les consommateurs.

 

Etiquettes trompeuses

Que disent les fabricants? Contacté, Givaudan, le leader mondial des arômes avec 19% de parts de marché et un chiffre d’affaires de 4,4 milliards de francs en 2014, n’a pas voulu faire de commentaire. Idem pour son confrère suisse Firmenich, deuxième fabricant au monde d’arômes alimentaires (2,95 milliards de francs à juin 2014).

Le SYNPA, Syndicat des producteurs et distributeurs d’ingrédients de spécialité (additifs, enzymes, compléments alimentaires…), rappelle que l’utilisation des additifs alimentaires est très encadrée. «Les règles pour lancer un nouvel additif ou simplement en utiliser dans une denrée sont très strictes. Le fabricant doit garantir l’innocuité de l’additif, son utilité, et son utilisation ne doit pas trompe le consommateur», explique Mélanie Le Plaine-Mileur, secrétaire générale du SYNPA.

Celle-ci relève malgré tout «des tromperies sur les emballages», comme lorsqu’un produit, qui est préparé avec un ingrédient riche en substances autorisées comme additif alimentaire, est présenté comme un produit «sans additif». Quelques exemples: une préparation pour crème brûlée a été vendue avec la mention «sans colorant», or elle contenait un extrait de carotte, donc un colorant. Du pain de mie vendu avec la mention «sans additif» intégrait de l’extrait d’acérola (riche en acide ascorbique).

Ou encore une saucisse vendue avec la mention «sans conservateurs ajoutés» contenait un extrait d’épinard riche en nitrates. Ici, les autorités européennes ont considéré que l’extrait d’épinard était bien utilisé pour sa fonction de conservation et la mention «sans conservateur ajouté» n’a pas pu être utilisée. 

* Prénom fictif. 

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B
http://bruleparlesillumines.e-monsite.com/pages/nom-deces/nouvel-ordre-mondial-nom-les-deces.html#corinne
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L
http://lachainedevv.com/deces-de-corinne-gouget-elle-se-serait-suicidee/<br /> <br /> Une belle âme c'est envolée.....:-/
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