Suite à la mort de deux nourrissons qui avaient été vaccinés contre la gastro-entérite, la ministre de la santé Marisol Touraine a déclaré mercredi 1er avril qu’il appartenait aux médecins de décider « au cas par cas » si le vaccin est « utile ». « Il faut être vigilant, extrêmement vigilant, (mais) ne pas inquiéter outre mesure les parents aujourd'hui », a-t-elle ajouté sur Radio Classique-LCI.
508 cas d'effets indésirables
Deux vaccins, le Rotarix (laboratoires GlaxoSmithKline/GSK) et le RotaTeq (Sanofi Pasteur MSD) entraînent un nombre préoccupant d’effets indésirables et ont provoqué deux morts, selon un bilan arrêté fin 2014 et remis à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Deux bébés sont morts en 2012 et en 2014 après avoir été vaccinés, et 508 incidents ont été signalés par les médecins à l’ANSM depuis 2006, dont 206 graves. Parmi les cas graves, on relève 47 cas d’invaginations intestinales aiguës.
La ministre a rappelé que le vaccin, destiné à prévenir les infections dues à un virus entraînant des diarrhées chez les bébés, « fait l'objet d'attention très spéciale, comme tous les vaccins, de la part des agences sanitaires ». « Des enquêtes sont en cours » et « des études approfondies vont être menées. (...) C'est un vaccin qui existe au niveau européen, il y a donc des échanges entre les agences sanitaires européennes » a affirmé Marisol Touraine.
1 million d'enfants ont déjà reçu le vaccin
Cette vaccination n’est pas obligatoire mais prescrite aux enfants à partir de six semaines. Elle avait été recommandée en novembre 2013 par le Haut Conseil de santé publique pour les nourrissons de moins de six mois. Ce dernier a « prévu de réexaminer dans les prochains jours ses recommandations » à ce sujet, a indiqué l'ANSM.
Le Rotarix et le RotaTech sont autorisés en Europe depuis 2006 et commercialisés en France depuis mai 2006 et janvier 2007. « Depuis le début de la commercialisation en France de ces deux vaccins et jusqu'au 31 octobre 2014, plus de 1 million de doses ont été distribuées » a souligné l’agence sanitaire.
Prise en charge dès les premières complications
L'invagination intestinale aiguë est un effet indésirable très rare, qui nécessite néanmoins une pris en charge immédiate dès les premiers symptômes : douleurs abdominales, pleurs répétés et inhabituels de l'enfant, vomissement, présence de sang dans les selles, ballonnements abdominaux et/ou fièvre élevée, selon l'ASNM. Un courrier a été envoyé mardi à 160 000 professionnels de santé pour qu'ils sensibilisent les familles sur ces signes survenant dans le mois suivant la vaccination, pour consulter sans délai, car la prise en charge précoce permet de soigner le bébé.