Le chercheur japonais Yoshihiro Kawaoka vient de recréer un virus particulièrement virulent qui a tué près de "500 000 personnes".
Une expérience folle et dangereuse ? "Il s'est servi d'un virus de la grippe dont on sait qu'il est transmissible à l'homme, et l'a manipulé de telle manière qu'il laisserait la population mondiale sans défense si jamais il s'échappait du laboratoire", s'alarme un scientifique.
Ce n'est pas la première fois qu'un de ses travaux est décrié, voire condamné par certains spécialistes. En juin, il était parvenu à reconstituer un virus à 97 % similaire à celui de la grippe espagnole qui avait tué entre 50 et 100 millions de personnes en 1918 et 1919.
Pourtant, l'objectif de ces études a été validé par le Comité de biosécurité du Wisconsin. Et pour cause, Yoshihiro Kawaoka cherche à identifier les possibles mutations naturelles du virus qui lui permettraient alors d'échapper au système immunitaire.
D'ailleurs, pour John Oxford, professeur en virologie interrogé par le Guardian, de telles souches mutantes existent bel et bien. "Probablement chez un canard en Sibérie, heureusement pour nous, mais si par hasard elles se rapprochaient, nous serions en danger." C'est pourquoi le Japonais souhaiterait anticiper ces risques, en fabriquant des vaccins plus résistants.
Mais le problème réside dans la manipulation de ces dangereux virus en laboratoire. "Quand le résultat potentiel est une pandémie, même un risque minime doit être fortement considéré", explique l'épidémiologiste américain Marc Lipsitch. Selon lui et d'autres chercheurs de Harvard et de Yale, en prenant dix laboratoires menant ce type d'expériences pendant dix ans, la probabilité qu'une personne soit infectée est de 20 %. Des accidents qui font écho aux événements d'avril 2014, quand l'Institut Pasteur a égaré 3 000 tubes contenant le virus du Sras, une maladie respiratoire dangereuse.